Laos

Vendredi 10 octobre 2014 – Vientiane vite fait et Pakse

Vientiane, vite fait, parce que nous sommes arrivés à la nuit tombée hier soir en provenance de Hanoi, et aussi parce que nous y reviendrons dans une semaine environ.
Ce matin, nous avons pris le vol pour Pakse, ville au sud du Laos.  Assez tranquille doit-on admettre… la campagne, après la folie de Hanoi !  Mais ça nous fait du bien aussi.  Nous sommes en avance : normalement, des dentistes strasbourgeois viennent nous cueillir dans 2 jours pour nous conduire dans un village dont personne ici ne connaît le nom, afin de prodiguer des soins médicaux à la population durant une petite semaine : eh oui, la reprise du boulot approche plus vite qu’on ne le croit !

En tout cas, ça nous laisse 48 heures à peine pour découvrir les alentours.  Pakse est très calme aujourd’hui.  Il faut dire que la fête a battu son plein toute la nuit, dans toutes les villes du Laos : c’était la fête des pirogues.  Même à Tahiti, on n’a pas ça, et pourtant on est champions du monde… de la pirogue, mais à bien y réfléchir de la bringue aussi, même s’il y aune sérieuse concurrente à la Hinano : la BeerLao, qui est fort fameuse !).  Surtout, nous sommes aux berges du Mékong, là encore un fleuve mythique,  l’amant, entre autres, de Margueritte Duras…  En parlant d’amant, on n’est pas qu’à Paksé avec Jean-Pierre : on est pacsés aux vues des autorités locales.  Ca n’a posé aucun problème de voir Delbreil Delphine sur les tickets d’embarquement pour passer les frontières !

Conseils aux voyageurs :  Le visa au Laos peut être obtenu à l’arrivée moyennant un formulaire à remplir de demande de visa et un formulaire d’immigration.  Une seule photo d’identité nous a été demandée et la somme de 30 dollars US par personne.  Le visa peut être obtenu à l’aéroport de Vientiane , mais aussi  de Pakse, qui est un aéroport international.

 Fête des pirogues à Pakse

 Sur les bords du Mékong

 Pakse

 Paillottes laotiennes

 Pêcheur du Mékong


 Le Bouddha du pont japonais


 Spécialité paksée






Samedi 11 octobre 2014 – Le plateau des Boloven

Le plateau des Boloven s’étend au nord-est de Pakse, et est depuis un siècle une zone de culture de thé et de café importante de la région.  Ce sont les français qui ont introduit ici la culture du café, mai aussi des hévéas, des bananiers… Après l’indépendance du Laos, les américains et les nord-vietnamiens y ont installé, dans leur lutte acharnée, des cultures minières : entendez par là, des engins explosifs, dont le désamorçage se poursuit encore de nos jours – no comment. 

Nous partons dans la matinée, et le programme comprend visite de plantations de thé, de café, et de cascades.  D’abord le thé : en fait, seules les 4 jeunes dernières feuilles des branches des arbres à thé sont récoltées, puis mises à sécher au feu de bois, et au soleil.  Ce qui diffère entre le thé noir et le thé vert, ce n’est pas l’espèce de l’arbre à thé, mais le mode de séchage.  Nous ne verrons pas toutes les étapes de l’arbre au sachet, mais nous aurons tout de même un bon aperçu du processus.  Puis le café, dont la culture fut introduite par les français en 1901, et commença à donner des résultats vers 1930 seulement.  Il y a 2 types de caféiers : le robusta, nommé ainsi car le plus robuste (si on lui tranche la tête, il repousse en toutes circonstances : comme la queue du lézard !), et l’arabica, qui est de plus petite taille, et d’une durée de vie de 15 ans environ.  L’arabica possède également plus d’arômes et demande plus de travail avant d’atterrir dans la tasse du matin.  Là encore, même le nez bouché, le petit expresso distille des odeurs de plaisir familier, presque oublié après ces quelques mois de voyage (il est bien loin Georges Clooney, en plus, maintenant qu’il est maqué… !) : une sorte de madeleine proustienne…  Tat Fan est la cascade la plus impressionnante, avec ses 2 bras jumeaux qui plongent à plus de 180 m de hauteur pour aller nourrir le Mékong.  Mais hors de question de s’y baigner !  Ce moment tant attendu par Noé sera réservé en haut des cascades de Tat Yuang, où quelques familles viennent, notamment le week-end, plonger et pique-niquer.  L’endroit était peu fréquenté au moment de notre passage, en tout cas par les touristes (le coin regorge de thaïlandais en ballade en bus de luxe pour le week-end : il faut dire que nous sommes proches de la frontière).  Il y avait quand même quelques enfants courageux, dont notre petit rapporteur.  Autant le climat et la végétation nous rappellent notre fenua, autant ce n’est pas le cas de la température de l’eau !

Sur le retour, nous visitons le village ethnique près de la cascade de Pha Suam.  « Boloven » signifie « patrie des Laven », le groupe ethnique le plus important du plateau, mais il y en a bien d’autres.  Le sentiment est au départ un peu mitigé :  nous ne sommes pas très fans de ce genre de village, qui ressemble un peu à une sur-exposition de personnes qui se laissent photographier, ne demandent rien, mais quelques deniers (ici ont dit des kips) ne sont pas de refus…  L’éco-tourisme aurait pourtant toute sa place à cet endroit : vivre dans la jungle, dans ces petites maisons qui font partie intégrante de la nature, près des cascades, au rythme des plantations de cafés et de thé, et laisser à chaque ethnie le soin de garder de son authenticité.   Un petit tour hors des sentiers battus nous laisse entrevoir cette opportunité pour ces lieux, peut-être dans quelques années…  Par contre, Noé aura apprécié la pause déjeuner au sommet de la cascade : non pas pour le spectacle de la chute d’eau, mais pour les copines laotiennes qui se sont d’emblée réunies en fan-club auprès du blondinet.  Parti jouer un moment, nous l’interrogeons au retour : « A quoi avez-vous joué alors ? » - et de nous répondre « bah, rien, elles m’ont tripatouillé ! ».  Je ne vous dis pas le sourcil de la mère : dressé comme jamais !  Quant à Noé… lol !

 Plantation de thé

 Les cascades jumelles: Tad Fane


 Thé noir


 Tad Yuang


 L'objet flottant non identifié, c'est Noé!

 Les admiratrices accourent!




 La cabane de ses rêves!



 Un petit coup de blues?...


 Les drôles de dames



 Maman en galère

 Jungle house


 On n'a pas vérifié les suspensions!

 Pha Suam: un air du Niagara

 Groupie

 Groupie suppliante!

Groupie désespérée sur le retour!

Conseils aux voyageurs :  Plusieurs possibilités pour faire ce petit tour sur le plateau des Boloven en une journée : louer un 2 roues motorisé (60 à 80 000 kip), louer une voiture minibus avec chauffeur à votre disposition la journée pour 60 dollars, à bicyclette aussi pour les plus courageux (10 000 kip).  Les entrées des cascades sont payantes : 5 000 kip pour Tan Fan et Pha Suam, et 10 000 kip pour Tad Yuang, par personne bien sûr.  Entrée gratuite pour les enfants.

Dimanche 12 octobre 2014 – Désespoir…espoir !

La journée où rien ne se passe.  La journée où nous attendons pendant des heures un coup de fil, un mail, une voiture, un signe enfin de l’équipe dentaire que nous devons rejoindre cette semaine pour prodiguer des soins médicaux dans un village non loin de Pakse.  Un village dont nul, à Pakse, ne connaît le nom.  Un village qui n’apparaît sur aucune carte.


Quand tombe la nuit, au moment où nous abandonnons tout espoir, au moment où nous sortons de notre manchette le plan B, trois coups retentissent à la porte : on veut nous parler au téléphone !  On comprend bien que la journée n’a pas été facile pour la mission qui devait rejoindre Savannakhet à Pakse aujourd’hui, que les soucis d’organisation se sont quelque peu accumulés, et nous, un peu oubliés au milieu.  Ce n’est pas grave : a priori, nous sommes engagés et demain matin nous rejoindrons Ban None Champa.

 Tuk-tuk 3 roues Suzuki

Toujours besoin d'Afflelou en tuk-tuk!

Lundi 13 octobre 2014 – Ban None Champa, 1er jour de mission

Noé se réveille en fanfare, heureux comme un pinson : « Maman, t’as pas oublié ? c’est aujourd’hui qu’on va voir les enfants français ?! ».  Le petit bonhomme a tellement hâte de retrouver des enfants de son âge, et c’est bien ce qui l’attend.  Le manager de la pension où nous sommes finalement restés 3 nuits, nous conduit ce matin au village de Ban None Champa.  Une trentaine de personnes sont présentes, et, si nous, nous sommes déjà connus de tous comme des médecins venant de Tahiti pour leur donner un coup de main, nous avons pour notre part du mal à retenir tous les prénoms d’un coup.  Une trentaine de personnes, de dentistes, des infirmiers, des stérilisatrices, et un bon petit groupe d’enfants de 6 à 11 ans, que Noé intègre sans aucun problème !  A peine l’aurons-nous vu de la journée car nous sommes d’emblée réquisitionnés pour aller à l’école du village où les locaux de consultation dentaire et médicale sont installés.  En fait, rien n’est installé, mais on s’y attelle de bon cœur.  Cela aurait du être fait la veille, mais les équipes étant arrivées tardivement de Savannakhet et le directeur de l’école ayant dû fermer les locaux à la nuit tombée pour rejoindre sa femme restée dans la montagne pour la récolte du riz et qui craignait la venue des esprits, voilà !  Ca arrive, et cela ne nous choque aucunement :  le rythme laotien a des relents de rythme tahitien, on prend les évènements comme ils viennent et leurs imprévus font partie du charme.
L’ouverture de la consultation médicale n’a été annoncée que pour le lendemain à la population, donc ce n’est pas un programme surchargé qui nous attend (d’ailleurs, à bon entendeur pour le 2 janvier 2015… !!!).  Cela nous laisse loisir de faire plus ample connaissance avec les personnes de notre mission Alsace-Laos, et aussi avec les enfants.  Les pauvres enfants : des visages tendus, des sourcils froncés, des pleurs, et quelques sourires dans l’attente de leur consultation dentaire.  Surtout qu’aujourd’hui, c’est extraction dentaire en priorité, la coupure d’électricité jusqu’à 15 heures (un arbre est tombé sur un poteau électrique) empêchant de faire les soins dentaires.  Des enfants, qui là encore nous rappellent nos petits tahitiens, ne bronchent pas ou à peine aux extractions dentaires (jusqu’à 6 ou 7 parfois !).  Autant nous aidons avec plaisir à la distribution de brosses-à-dents et la constatation des dégâts dentaires, autant les extractions n’auront pas notre faveur :  à part la première année de médecine, on n’a pas grand-chose en commun, et surtout nous n’aurions pas pu être dentiste !

Nous serons occupés toute la journée.  Surtout Jean-Pierre, qui regrette de ne pas être pédiatre pour traiter l’épidémie de conjonctivite qui, seule, aura eu mes faveurs ! 
Noé aussi aura été bien occupé : que ce soit avec les petits français ou les petits laotiens, tous dans la même cour d’école, tous en harmonie, que du bonheur et une grande fatigue la nuit tombée !

Il y a tellement de choses à raconter aujourd’hui.  C’est un bouleversement dans notre petit voyage de notre rythme habituel, mais nous sommes bien heureux de retrouver ces strasbourgeois avec qui nous ne communiquions que virtuellement depuis plusieurs mois.  L’ambiance de dispensaire et l’immersion dans le village de Ban None Champa est un sentiment de pur bonheur. 

Mais qu'est-ce qu'il fait?... 

 Mais qu'est-ce qu'il fait encore?...!

 Pileuse de riz, broyeuse de c....!


 Ban None Champa

 Vat de Ban None Champa


 L'école de Ban None Champa

 La salle d'attente

Dépistage de caries 

Notre salle de consultations 

 Notre pharmacie

 La sté

 Le patient






L'angoisse!

Mardi 14 octobre 2014 – Les associations Alsace-Laos et Ecoles de Champa Lao

Il est temps de vous présenter les associations que nous avons rejointes cette semaine ;  D’abord, l’association Alsace-Laos menée par Bê, laotienne d’origine habitant désormais Strasbourg, et sa volonté d’aider son village, Ban A Teui, à côté de Savannakhet, sur le plan médical, dentaire, mais aussi scolaire.  Et puis il y a Alexandre, lui aussi laotien-alsacien, qui dirige Ecoles Champa Laos, et dont actuellement 3 projets de construction d’écoles sont en cours autour de Ban None Champa, son village d’enfance.  Ce dernier a d’ailleurs une toute nouvelle école depuis peu.  Les fonds viennent de projets associatifs et caritatifs, et ensuite sur place, les villageois sont accompagnés et participent à la restauration de leurs écoles.  Restauration ou plutôt reconstruction : certaines écoles ressemblaient plus à des écuries du 19ème siècle qu’à une école.  Les villages ne sont pas abandonnés une fois l’école érigée : des projets environnementaux notamment sont toujours en cours avec le suivi des plantations d’arbres pour redonner vie aux cours d’école et alentour, et aussi cette équipe de dentistes qui n’était pas venue à Ban None Champa depuis 4 ans.
C’est beaucoup de travail, de suivi, de dévotion qu’engagent ces associations dans leurs missions.  Après avoir visité le Laos, ça nous donne bien envie d’aller revoir un jour en France toutes ces personnes en Alsace et visiter cette région (même s’ils ne veulent pas se marier avec la Champagne-Ardennes !).

Sinon, nous sommes accueillis chez l’habitant.  Les 3 familles avec enfant (celles de Philippe, le dentiste qui dirige la mission dentaire et ses 2 enfants, des amis architectes à lui et leurs 4 enfants, et nous, les 3 rapporteurs) sont logées chez le frère d’Alexandre d’Ecoles Champa Lao.  Une grande maison, qui sert de QG pour les repas notamment.  Les autres sont dans une de ces grandes maisons en bois sur pilotis, pas très loin.  Le village n’est pas bien grand.  Pour aller à l’école, nous devons traverser le temple et les habitations des bonzes.  A la fin du séjour, nous connaitrons bien ce petit coin et ses pistes.

Nous avions un peu abandonné le chapitre « écoles du monde » depuis la reprise de notre voyage : fautes aux vacances scolaires, fautes aussi à nous qui avons eu beaucoup de périple nature avec peu de civilisation ces derniers temps. 

Au Laos, l’école n’est pas obligatoire au sens où Jules Ferry l’entend.  Néanmoins, les petits laotiens préfèrent venir à l’école, parce que sinon, la seconde option, c’est travaux aux champs.  C’est bien plus sympa de se retrouver entre copains à s’amuser, même s’il y a un peu de devoir au milieu !  A Ban None Champa Lao, il y a une école maternelle, accueillant les petits à partir de 3 ans, et une école primaire, jusqu’à 11-12 ans.  Les enfants arrivent à l’école à 8h, pause entre 11h et 13h environ, et en repartent vers 16h.  Les maîtres et maîtresses ont un air de haute autorité dans leurs habits militaires, et les enfants aussi ont leurs petits uniformes, chacun selon leur école et leur grade.   Hier, nous n’avons pas très bien pu observer comment se passait la classe : avec les soins dentaires, c’était plutôt journée récréative, sauf bien sûr au moment du passage chez le dentiste ! Et aujourd’hui, c’était demi-journée, avant d’aller passer l’après-midi à Pakse : au programme, checking de mails et réapprovisionnement de la pharmacie.  Nous avons tout de même eu plus de patients ce matin, enfin surtout pour la pédiatrie !  Jean-Pierre a un fan-club de mamies lombalgiques incroyable !

 Elles sont mignonnes mes petites patientes!

 Pas mal le dessert à la coco!


 Le spa des canards



 Leçon de fronde
 Et on consulte encore...

 Pour l'instant, ce n'est pas son tour!


 "Et toi, on va t'enlever quelles dents?"


 Ca afflue à la consultation de pédiatrie!

Monsieur le Directeur au karaoké

 La récré




Une des groupies de JP!

Mercredi 15 octobre 2014 – 3ème jour de mission à Ban None Champa

Belle journée complète de consultation aujourd’hui, pour les dentistes et pour les médecins.  De pédiatre, j’ai souvent dû me reconvertir en gériatre (quitte à surprendre, il fut un temps où j’hésitais entre ces 2 spécialités…), au grand désespoir du fan club de Jean-Pierre.  Elles étaient toutes là de 77 à 97 ans, pomponnées, cheveux lavés encore enveloppés dans leur serviette, et incroyablement vaillantes ! 


Quant à Noé, il a fait la queue comme tout le monde pour soigner sa carie : maintenant qu’il a une dent « en argent », comme il dit, on va peut-être enfin en pouvoir tirer profit de ce petit !

"Bon, bah, c'est mon tour alors!" 

"Elle ne va pas m'arracher ma dent Elise, hein maman?..." 

Ca y est: je suis Edward aux dents d'argent, j'ai mon plombage! 


Lao lao, ça se boit mais au fond on ne sait pas ce qui flotte! 

Arrivage des vélos pour le village 

Salle de bains commune: un vrai délice quand même! 

Instant volé 

Cuisine 

Sieste à tout âge


Jeudi 16 octobre 2014 – Encore du taff à Ban None Champa

C’est la dernière journée de travail à Ban None Champa.  Demi-journée prévue, mais à vrai dire, il est toujours difficile de dire « non » ou « stop » face aux derniers patients qui arrivent, parce qu’ils viennent de loin, parce qu’ils sont démunis, parce qu’on ne sait pas quand ils verront le prochain médecin ou dentiste de leur vie…  Alors, ça tourne dur du côté des dentistes, et nous aussi : les stats ne sont pas vraiment à jour, mais à midi, on avait déjà vu plus de patients que la veille jusqu’à 16 heures.  On fait essentiellement du dépistage, avec les moyens qu’on a : beaucoup de goitres symptomatiques, quelques hypertensions artérielles, des migraines ophtalmiques aussi, et puis quand même une angine, un érysipèle et un eczéma surinfecté.  Il y a surtout, encore aujourd’hui, beaucoup de plaintes fonctionnelles.  Mais parmi tout ce flux de patients, ceux qui nous ont vraiment mis un coup au moral, ce sont les enseignants !  Là, notre indulgence a lâché face au mal de tête et de dos de fin de journée, symptôme chronique et universel !  Ce n’est pas qu’on a une dent contre les enseignants, mais qu’ils n’aient pas réalisé qu’ils bloquaient la consultation face à des villageois qui, eux, ne peuvent pas aller en  ville voir le médecin et payer les médicaments, nous a découragés. 

Le système de santé est payant au Laos et il n’y a pas de sécurité sociale et de système de remboursement des soins.  Les médecins laotiens sont formés à la faculté de médecine de Vientiane, et, pour certaines spécialités, viennent passer un an d’internat au CHU de Strasbourg.  Ensuite, ceux-ci exercent en clinique privée, où tout est à la charge du patient, ou en hôpital.  A l’hôpital, la consultation est gratuite, mais les actes de laboratoire, radiologie ou les médicaments à la pharmacie sont à payer.  Alors, les laotiens, avant d’aller à l’hôpital, savent qu’ils doivent réunir de l’argent : vendre un cochon ou autre, économiser…  Les médecins hospitaliers sont payés une misère par l’état…  Le village de Ban None Champa, et ce n’est pas le seul, est à seulement une bonne quinzaine de kilomètres de Pakse, mais la piste est impraticable durant la saison des pluies, de avril-mai à septembre.  Les gens sont donc complètement isolés durant cette période.  Ils se nourrissent alors essentiellement de riz, gardés dans des cabanes en bois en guise de réserve.

Nous avons donc terminé notre journée de consultation, épuisés.  Il faut dire qu’on a perdu l’habitude peut-être aussi de travailler…  Le dernier patient a tout de même remonté le moral de la pédiatre : un petit prématuré de moins de 8 jours !
Pendant ce temps, Noé fait sa vie : il joue avec ses copains laotiens chez nos hôtes à construire des cabanes en carton, ou bien il nous rejoint à l’école, et là, en général, on le reconnaît facilement aux jeunes et jolies abeilles qui lui collent aux talons en voulant lui offrir des fleurs !  Quel Don Juan, celui-là !
L’équipe dentaire était aussi lessivée hier après-midi.  Le tour de vélo dans la campagne laotienne a remis tout le monde en selle (c’est le cas de le dire !).  Nous avons traversé au moins 2 ou 3 villages, difficile de dire, mais les petits étaient tous sur le bord de route ou au balcon de leur maison sur pilotis, pour nous clamer « Sabaidee », qui veut dire bonjour.  Notre laotien a progressé en une semaine à la vitesse grand V : n’ayant qu’une interprète pour deux lors de nos consultations, nous avons rapidement appris à demander où le patient avait mal, qu’il revienne demain matin ou soir…


Le diner sur le Mékong hier soir fut un test infaillible pour notre équilibre : entre le bateau qui tanguait et la BeerLao… dure la compétition avec les Alsaciens pour la bière !

La médecine gé, ça va bien 5 minutes, mais quand est-ce qu'on opère là?...!

Passage du gué en VTT 

Ou pont suspendu, au choix! 

 Maillot rose: meilleure grimpeuse!


Hangar à riz 

 Coucher de soleil dans les rizières

Meilleure grimpeuse, meilleure coureuse! 


Une partie du groupe 


Le miel et les abeilles

Vendredi 17 octobre 2014 – Le Baci et l’au revoir de Ban None Champa

La mission est terminée : plus de 450 enfants et adultes vus, plus de 250 extractions, des centaines de soins dentaires, détartrages, et plus d’une centaine de consultations de médecine…  On n’a pas tout compté, et encore ce matin, un petit garçon est arrivé à la maison pour morsure de chien sur la mobylette.

Le Baci, c’est le terme lao pour désigner la cérémonie de remerciements du village pour nos soins.  Tenue de cérémonie de rigueur, au moins pour les femmes, avec port du sarong et écharpe.  C’est au vat (temple), que les moines ont fait des incantations, des offrandes, nous ont aspergé d’eau parfumée, et surtout nous avons reçu des dizaines de petits bracelets pour nous souhaiter amour, gloire et beauté, mais aussi prospérité, bonheur,…  Noé, les poignets surchargés de fils de coton, s’exclame soudain: « Mais, je vais être heureux toute ma vie alors ! ».  Bah oui, c’est tout ce qu’on te souhaite mon petit bonhomme !

Le repas, préparé par les instituteurs et les personnes du village, nous attend dans la cour d’école.  Monsieur le Directeur reprend son micro en main, et, avec son air de toujours annoncer les numéros du loto, on se demande si on va enfin connaître le montant de la super-cagnotte !  On plaisante, bien sûr !  Il va falloir qu’on fasse un peu de place dans nos sacs : impossible bien sûr de refuser les récipients en bambou pour faire cuire le riz gluant offerts par nos patients !  Et puis, il y a aussi les écharpes remises par les autorités locales.  Et en final, le souvenir impérissable du spectacle de danse de l’école, essentiellement féminin, et tellement mignon !

Préparation du repas de fête 

Lao tahitienne 

Un copain de Jean-Pierre 

Le baci 

Encore des potes de Jean-Pierre 

L'arroseur arrosé 

Les bracelets porte-bonheur 



Le bonzeur de Rodin 

Noé se convertit au bouddhisme 

Tata Bê et les enfants de la mission 

Mon cop's

Belle tablée! 


Nos clients 

Lao tahitienne convertie: son coeur balance... 

Initiation au sepak takraw 

Elles vont finir par l'avoir! 

Ravitaillement en vol 

Quelle fraîcheur... 

La vaisselle 

Le public 

Concentré mais pas toujours attentif! 

Petite danseuse laotienne 

Spectacle des enfants 







Leçon de tresses... 

... et de chignons! 







Samedi 18 octobre 2014 – Encore une brève étape à Vientiane

Et voilà, tous les membres de la mission Alsace-Laos quittent le petit village de Ban None Champa ce matin : un premier convoi part à 7h, et, un second à 9h.  Etant du second convoi, nous avons pu tranquillement faire nos adieux, certains que les chemins se croiseront de nouveau, en Alsace, à Tahiti ou ailleurs.


A Vientiane, tonton Milou, tata Sophie et Emilie nous attendent déjà, décalqués par leur long trajet France-Laos, mais nous sommes bien heureux de nous revoir ici !  Evidemment, la première chose qu’on leur fait découvrir, c’est la BeerLao !  Un tuk-tuk nous emmène au bord du Mékong où le soleil est en train de disparaître à travers les nuages.  Le cœur de Vientiane ne semble pas bien grand.  Le tour de ville est court et agréable en cette fin de journée.  Tout le monde est fatigué finalement.



Tuk tuk aéroport

Dimanche 19 octobre 2014 – Luang Prabang

Luang Prabang, ancienne capitale royale, est une petite ville située au nord de Vientiane.  D’emblée nous sommes charmés par les lieux, qui allient calme et sérénité au bord du Mékong.  La vieille ville se compose de petits villages, qui ont chacun leur vat, et c’est une véritable ambiance de quartiers populaires au rythme laotien que l’on retrouve là.  Nous pensions la destination très touristique, mais en fait, pas tant que ça.  Enfin, c’est ce qu’on croyait avant le coucher du soleil en haut de la colline de Phousi : là, c’est la bousculade pour « the » photo !  Ca a un peu énervé Jean-Pierre, qui s’est vite remis devant le fabuleux repas que nous nous sommes octroyés ce soir !


A noter quand même que les vacances sont finies pour Noé : nous avons repris le programme de révision de CP aujourd’hui : oui, c’est dimanche, mais la notion de temps continue à nous échapper pour notre plus grand bonheur ; et oui, le programme de CP est terminé…


By the Mekong River à Luang Prabang 

 Bientôt les mêmes à Moorea

 Des bateaux, et ce n'est que le début! (Jean-Pierre est assez fan!)


 Un vat en guerre


 On vous avait prévenu...

Un petit digeo?... 

 A Luang Prabang

 Groupe électro local

 Jean-Pierre est réapparu!

 Tuk tuk

 Arbre velu à Phousi

 La Nam Khan

 Le Mékong ouig!


 Avant

 Après

 Comme promis

 Les tonton et les tatas!

Bouffette: 5 euros!

Après bouffette...

Lundi 20 octobre 2014 – Les chutes de Tat Sae au pays du million d’éléphants

Au 14ème siècle fut fondé le premier grand royaume lao.  Fa Ngum le nomma Lan Xang Hom Kao, qui signifie « le pays au million d’éléphants et au parasol blanc ».  Le parasol blanc est le symbole de la royauté.  Le million d’éléphants, c’était surtout pour effrayer les voisins de toute velléité d’invasion, les éléphants étant à l’époque les chars d’assaut des royaumes du sud-est asiatique.  Ainsi, il n’était pas question pour nous de quitter le Laos sans chevaucher une de ces légendaires montures : imaginez l’excitation du petit Noé !  Nous allons près du Mékong dans un centre de « mahout », c’est-à-dire de dresseurs et conducteurs d’éléphants.  Personnellement, seule la petite ballade à dos de pachyderme aura notre faveur, mais certains touristes passent là quelques jours à une semaine à tenter d’obtenir leur certificat de « conducteur d’éléphants ».  Cela demande tout de même quelques notions de lao : « yaya » et surtout « hao » qui veut dire « stop », sont les seuls mots que nous avons retenu en écoutant la leçon d’un groupe à côté de nous très concentré. 

Première question de Noé : comment monte-t’on à dos d’éléphants ?...  Pas besoin d’échelle a priori.  Juchés sur notre plateforme en pilotis, juste à hauteur de dos d’éléphants, il nous a suffi de poser délicatement le pied sur le cou de la bête avant de nous asseoir dans notre fauteuil biplace rembourré.  Les mahouts, eux, sont plus habiles et, en deux temps et trois mouvements, prennent appui sur la jambe de l’éléphant et grimpent à dos comme des singes sur un arbre !  Noé a la banane fixée sur le visage, et nous voilà partis 2 par 2 pour une petite promenade en forêt et rivière.  Avec Jean-Pierre, on n’a pas tiré le bon numéro : plus paresseuse (car c’est une madame éléphante), on ne fait pas !  Après le tour de pachyderme, Noé les récompense de quelques bananes attrapées goulument par la trompe (de l’éléphant, bien sûr !).  Téméraire le petit gars, mais quand même il se dit « pourvu qu’il ne se trompe pas l’éléphant, et qu’il m’attrape la zigounette ! ».

Les chutes d’eau de Tat Sae sont un peu plus au nord de Luang Prabang.  Une barquette nous fait traverser une première fois le rivage, puis une seconde un peu plus loin avant de rejoindre le site.  Ce dernier est aménagé autour de cascades en terrasse s’écoulant sur des roches karstiques joliment érodées.  Une sorte de parc accro-branches se trouve au-dessus de nos têtes, mais semble peu utilisé, si ce n’est une corde trop courte suspendue au-dessus d’une des cascades où quelques inconscients ont failli se rompre le coup en s’écrasant lamentablement contre la roche !  Une dame y a laissé un genou d’ailleurs… Car oui, on peut se baigner dans 2 petites piscines naturelles, en aval pour les éléphants et en amont pour les humains : il vaut mieux que ce soit dans cet ordre, vu les cacas de descendants de mammouths qui flottent du côté pachyderme ! 

La chaleur nous plombe : nous ne sommes plus habitués.  Aussi, laissons-nous lâchement Sophie, Milou et Emilie à la visite des temples de Luang Prabang, avec la bonne excuse que les temples, on en a déjà vu beaucoup, et que d’autres encore nous attendent à Angkor, pour une petite sieste et séance de pressing bien méritées (surtout le pressing !).


 Sont-ce des oeufs de flamants roses?...

 Tilapia et capitaine du Mékong

 Au hasard du marché du matin à Luang Prabang

 Bananes pré-flambées


 Fruits du dragon

 Une bolée de criquets

 C'est la marche des éléphants

 Pinocchio et Dumbo

 Je vous ai à l'oeil

 Ca va bien se passer!

 La preuve!

 Un peu coincée la Fofie!

 Eléphants dans la brume

 Le niveau du Mékong va monter

 La preuve!

 Gare à la zigounette!

 Oups! c'était moins une!

 Nat Géo flashe sur les barques

 Le niveau baisse!

 Tat Sae

 Elefant's piscine pool



 Tarzoune père, la honte de la jungle!



 Tarzoune fils



Mardi 21 octobre 2014 – Les grottes de Pak Ou et les chutes de Tat Kuang Si

Grosse journée autour de Luang Prabang prévue, qui débute par un trajet de 2 heures à remonter les bords du Mékong en barque motorisée.  C’est bien agréable de se laisser glisser au rythme du fleuve, lancinant, monotone mais pas ennuyant.  Nous sommes en saison sèche : les berges inondées durant la saison des pluies sont actuellement travaillées par les paysans et de jeunes pousses vertes apparaissent le long de dizaines de tuteurs plantés dans la terre molle.  On se dit que la vie auprès des fleuves se ressemble sur un peu tous les continents, que ce soit l’Amazone, le Niger, le Nil, le Mékong… (ok, pas la Seine ni le Rhin…)

En cours de route, avant d’arriver aux grottes de Pak Ou, nous nous arrêtons au petit village lao lao de Ban Xang Hay.  Après avoir passé une semaine à Ban None Champa, qui est quasiment sans contact avec les étrangers, Ban Xang Hay nous apparaît joli, mais loin de toute authenticité.  Vu que c’est la pause obligatoire pour les visiteurs des grottes de Pak Ou, les maisons sont toutes transformées en échoppes à tissu, alcool de riz (il y trempe des choses bizarres comme les classiques cobras et scorpions, mais aussi des pattes d’ours noir… beurk !), et autres bijoux de pacotille.  Le vat du village est tout récent et très joli par contre.  L’arrêt est tout de même court, 20 minutes, mais on a vite fait le tour. 
Puis apparaissent enfin les grottes de Pak Ou, creusées dans une roche surplombant le Mékong : arrêt prévu pour 1 heure.  Des grottes, il y en a 2 : on commence par la plus haute, et là, escaladant les marches sous la chaleur de midi, le genou de Noé touchant son menton quasiment à chaque pas, on se dit que sur l’heure de visite, à tous les coups, on va se payer trois quart d’heure de montée d’escalier !  Des centaines d’effigies de bouddhas sont entreposées dans cet ancien lieu de prières.  On ne peut s’empêcher de se demander comment les hommes ont eu, là encore une fois de par le monde, l’idée d’aller toujours faire des lieux sacrés ou de prières dans des endroits cachés improbables comme ces grottes, où il n’y avait pas d’escaliers à l’époque, qu’on se le dise!  La seconde grotte est un peu plus étroite que la première, mais toujours aussi emplie de bouddhas de toute taille.  Ce n’est pas qu’on est blasé, mais ce qui vaut vraiment le coup aux grottes de Pak Ouk, ce ne sont pas les grottes, mais bien le trajet en bateau sur le Mékong.

De retour sur Luang Prabang, nous aurons juste le temps de nous rafraichir d’un jus de citron, avant de reprendre la route et rejoindre 30 km au sud les chutes de Tat Kuang Si.  Située dans un grande forêt, à plusieurs étages avant de voir LA cascade : superbe !  Surtout, nous sommes accueillis par les ours noirs d’Asie en train de se réveiller de leur sieste.  Ceux-ci (les mêmes dont les pattes flottaient dans l’alcool de riz…), blessés par les braconniers, sont recueillis dans un centre au pied des chutes, soignés, chouchoutés, libérés ensuite ? pas certain à la vue du confort dont ils jouissent.  Nous n’imaginions pas ces animaux si proches de l’homme lorsqu’ils se tiennent debout sur leurs pattes : assez impressionnant…  Il y a du monde, mais il y a aussi tellement de piscines naturelles que personne ne se gêne.  Et devinez quelle piscine ont choisi les hommes pour se baigner ? Celle où on pouvait plonger d’un arbre haut de 3 mètres bien sûr !  La famille Bérot a le courage de monter en haut des cascades, où paraît-il le spectacle vaut le coup également.  Il paraît même que l’on peut les traverser d’en-haut, mais c’est quand même assez glissant. 
Au retour, le calme régnait dans le mini-bus : encore une belle journée, bien épuisante  pour tous les rapporteurs !


Ravitaillement mobile 

Pas encore prêt sur le plan écolo

Barque abandonnée 

Voyage tranquille sur le Mékong 

Le vat de Ban Xang Hay 




Débarcadère de Pak Ou 


Quand on vous dit qu'il y en a plein des bouddhas!

Ours noir d'Asie 

Tat Kuang Si 





Très belle chutes d'eau de Kuang Si 


Prêts? 

Sautez! 

Et ça continue!


Mercredi 22 octobre 2014 – Nong Khiaw


3 bonnes heures de route cahin-caha, et nous voilà arrivés à Nong Khiaw, petite bourgade au nord de Luang Prabang, sur les rives de la Nam Ou.  De notre guesthouse, la vue sur la rivière et son pont nous enchante déjà.  Il fait une chaleur étouffante, et nous nous trainons dans le village pour aller au moins jusqu’à la capitainerie et nous renseigner sur les horaires de bateau pour Muang Ngoi dans 2 jours, et les possibilités de retour en bateau sur Luang Prabang dans quelques jours.  La bourgade est bien paisible, et c’est bon de se retrouver dans ces ambiances laotiennes, un peu plus éloignées des chemins touristiques classiques.  Un tuk-tuk nous emmène à 3 km du village, aux grottes de Pha Thok.  Celles-ci, creusées dans la roche, ont servi de refuge à des représentants du Pathet Lao durant la guerre du Vietnam.  L’entrée n’est pas vraiment règlementée : des jeunes laotiens désoeuvrés semblent pister le touriste afin de lui faire payer un droit d’entrée dont eux-mêmes ne connaissent pas le montant.  En tout cas, 20 000 kip, ça sentait l’arnaque de plein fouet (même pas une lampe torche proposée, encore moins un guide pour la visite), et finalement, on a presque imposé le tarif : je crois qu’ils ne savaient ni lire, ni écrire, ni compter…  La grotte principale, juchée à une trentaine de mètres du sol et accessible par un escalier très étroit et raide, a gardé en place le bureau du gouverneur de la province, le banc des officiers de police, et de nombreuses inscriptions sur les murs qu’il nous a été impossible de déchiffrer.  Nous ne savons pas combien de personnes se cachaient là il y a moins d’un demi-siècle, ni même comment ils accédaient à l’endroit…  Il y a un peu plus au fond une seconde grotte, mais nous n’y sommes pas descendus : le bout de bambou servant d’échelle avec ses marches creusées à la main ne nous a pas inspiré grande confiance…  Courte visite donc de cette grotte, néanmoins plus intéressante, plus grande aussi que celles de Pak Ou.  Le paysage aux alentours est super joli aussi, entre les montagnes, la verdure, les cours d’eau.  Nous rentrons dans l’après-midi : trop chaud pour continuer la ballade, et puis il y a un peu d’école à faire pour Noé, et surtout le massage pour les grands.  Parlons-en du massage !  Le massage laotien traditionnel se fait par pression.  Le problème, c’est qu’à chaque pression, je m’enfonçais de 30 cm dans le matelas.  On a bien cru finir totalement désarticuler avec Jean-Pierre, surtout quand les masseuses se sont mises en tête de nous masser la nuque avec nos propres orteils !  Il n’y a que Sophie qui a apprécié : normal, elle avait comme masseuse une jeunette de 40 kilos.  Jean-Pierre, lui encore, en avait une avec une jambe invalide, mais la mienne de masseuse, elle avait toutes ses facultés de rouleau compresseur en puissance : avec les mains, les genoux, les pieds, et vas-y que je te tire dans tous les sens, pression sur les fémurs, et craaaac…. les orteils !  Encore heureux que les côtes soient intactes !  Après être passé par le blanc du pré-malaise vagal, le vert nauséeux et le rouge cutané, demain au réveil, je vais ressembler à une Schtroumpfette qui aurait rencontré un troupeau d’éléphants!  Ah, je comprends mieux pourquoi le « million d’éléphants », ça faisait peur aux ennemis du Laos! Pour nous finir, un bon bain-sauna aux herbes qui nous aura débouché le nez et rendu à moitié aveugle.  On l’aura mérité notre petit Nuits Saints Georges ce soir !

 Le débarcadère de Nong Khiaw


 On t'a reconnu mini-che!

 Sur le chemin des grottes

 On dirait des gros cochons les buffles ici

 Vers le repère du Pathet Lao

 La grotte de Pha Thok


Jeudi 23 octobre 2014 – Journée de pêche à Nong Khiaw

Avant de partir demain pour Muang Ngoi, nous voulions passer un peu de temps près de Nong Khiaw et découvrir ce petit village du nord du Laos sur la Nam Ou.  A la capitainerie, nous prenons donc un bateau tout confort avec ses 4 sièges de bus qu’on peut même incliner en arrière, où l’on charge bouées, cannes à pêche et filet.  Notre première étape sera d’attraper les appâts, de jolis vers de terre bien gluants dont sont friands les poissons de la Nam Ou.  Sur un petit banc de sable, près de la montagne à tête d’éléphant, nous nous essayons à tour de rôle, avec plus ou moins de succès, au lancer d’épervier :  Noé a failli plonger avec, et tata Sophie y est restée accrochée par le bracelet !  C’est lourd ce filet, mais quand on a appris la technique, c’est rigolo !  Rigolo, mais pas très efficace : on n’a rien ramené sur ce coup-là…  Alors, on prend les cannes à pêche, où l’on fixe nos vers frais : mais, échec aussi !  On reprend notre bateau-bus, et on va se poser un peu plus loin.  Quel endroit calme !  A part quelques riverains qui passent en barques au ras de l’eau pour pêcher ou chargées de ravitaillement, il n’y a que l’écho de nos voix renvoyé par les falaises.  Au total, on n’aura rien pêché du tout.  Il paraît que c’est à cause de la pluie qui est tombée toute la nuit, a fait monter le niveau d’eau, qui, troublée, empêche les petits poissons de voir les appâts.  Surement aussi que nous ne sommes pas très doués…  Pour des tahitiens, quand même, ça craint !  Heureusement qu’on ne comptait pas sur le résultat de notre pêche pour le déjeuner, parce que la frugale brochette de poissons n’aurait pas suffi à nourrir tout ce monde !  Le pique-nique lao était un délice : riz gluant, légumes cuits, caviar d’aubergines, tempuras, salade de bambous, bananes… il y en avait pour un régiment !  Et surtout, le fameux lao-lao, bien meilleur que celui que nous avons acheté il y a 2 jours.
Noé s’éclate et tente même un peu de soudoyer ces parents à l’annonce du programme ce matin : « Si je comprends bien, on fait une journée d’aventures ; donc quand on rentrera, on ne fera pas les devoirs, on sera trop fatigués, hein ?... »  Bel essai, mais échec ! 

L’heure de sortir les bouées est arrivée !  Le courant de la Nam Ou, ce n’est pas celui de l’Amazone : tranquille, comme les laotiens, mais certain de nous conduire à bon port, au village khamu de Ban Hadhuan, que nous soupçonnons de n’être abordable que par voie maritime.  Rien à voir avec le village de Ban Xang Hay sur le chemin des grottes de Pak Ou à Luang Prabang.  Là, pas de tourisme du tout, pas d’échoppes de tissu ou autres babioles : des habitants qui sortent de leur douche ou préparent le repas du soir, des enfants curieux qui nous suivent d’un air téméraire et effrayé à la fois, une école au mur d’enceinte fraichement repeint et aux fils de fer barbelé en guise de clôture, pas de temple (ce sont des animistes)… La vie doit être rude ici aussi : on sent l’isolement de ce village de toute infrastructure.  Les jeunes partent le plus souvent dans un village plus grand à l’âge adulte sinon une vie rude de travaux aux champs et de pêche les attend pour seul avenir.  Les hangars à riz sur pilotis et la maigreur des habitants laissent suggérer qu’à la saison des pluies ce féculent soit leur seul aliment…  Noé plonge dans les eaux de la Nam Ou avec les enfants du village : l’innocence de l’enfance, elle, est universelle.

 Ca ne mord pas beaucoup!

 Pique-nique lao

 Notre pêche pas tout-à-fait miraculeuse

 Allez Milou! cul sec le lao-lao!

Nong Khiaw dans la brume du petit matin

 Le long de la Nam Ou


 La montagne à tête d'éléphant

 Noé et les appâts

 Quelle élégance!

 Tête en avant, comme au rugby!


 Je crois que j'en ai un là, papa!

 Tout cru, à la tahitienne!

 Quelle patience!

 Fidèle compagnon de pêche

 On dirait une méduse ou un chapeau chinois, au choix!

 C'est sûr que quand on a la technique...



 Pffff.... c'est quand que ça mord, papa?!


 On y croit, on y croit!

 En même temps, le panier à poissons n'était pas bien gros...


 La sieste, y a que ça de bon!

 Oh purée! je l'avais pas vu arriver celui-là!

 La sieste, le cul au frais, ça!, c'est vraiment bon!

 Au village khamu




Pig's nap 

 Le riz sèche sur des nattes

 Et les doudous sur les bambous!




 A l'école





 Prêtes pour l'Hawaïki Nui

 En fait, il a plongé un peu vite la tête la première!...











































Vendredi 24 octobre 2014 – Muang Ngoi

Muang Ngoi est un village à une heure de bateau sur la Nam Ou, au nord de Nong Khiaw.  Nous prenons le bateau ce matin au débarcadère, et nous voilà voguant sur des eaux calmes, puis… un peu moins calmes… puis, tumultueuses… puis la panne de moteur au milieu des tourbillons !  Ca nous a rappelé l’épisode au milieu des nénuphars sur l’Amazone, mais là au moins, le bateau ne prenait pas l’eau !  En fait, nous n’étions pas inquiets, jusqu’à ce que l’on aperçoive 2 mamies laotiennes à l’arrière du bateau, le visage grave, en train de prier les mains jointes…  A la rame, en marche arrière, nous nous agrippons à des roseaux, le temps de procéder aux réparations.  Pas grand-chose de grave, on repart, les sphincters un peu serrés (il faut quand même bien l’avouer), mais sans encombre cette fois : le chauffeur, lui, aura gardé le sourire tout le long du voyage.

Le village de Muang Ngoi est accessible uniquement par bateau.  Détruit durant la guerre du Vietnam, il a été touristiquement redécouvert il y a une vingtaine d’années seulement, et a depuis profité d’une manne touristique ayant contribué un peu à son essor, sans spolier le charme des lieux.  Il doit y avoir tout au plus mille âmes qui vivent ici, au bord de la Nam Ou, encastrés entre des monts karstiques de toute beauté.  Il y a une rue principale, une rue qui descend à l’embarcadère, et puis, c’est à peu près tout.  La vie est calme.  Là encore, on peut s’imprégner de la vie quotidienne au village, avec quelques conforts tout de même depuis que les touristes viennent ici : eau chaude dans les douches, électricité H24, et même le wi-fi !

En plein cagnard, décidés à ne pas perdre une minute de voyage, nous partons à la visite du village, du vat Okadsayaram, le seul monastère reconstruit sur les 3 détruits durant la guerre (les vestiges de bombes sont encore présents et ornementent quelques clôtures), puis en escalade dans les montagnes pour voir la grotte de Phat Koi, près du monastère, et surtout aborder un très joli point de vue sur le village, la vallée et la Nam Ou.  Vraiment, un endroit reposant…


Je me demande si Noé va vouloir repartir du village.  Après avoir goûté un ver frit pimenté (respect et admiration totale de la part de ses parents !), il court rejoindre dans l’après-midi les enfants en train de se baigner au débarcadère.  En fait, c’est baignade et douche en même temps, car du haut de notre terrasse, nous apercevons les petites têtes en train de se shampooiner ! Il joue à fond avec ses copains laotiens, tentant de leur parler anglais, et il se débrouille pour l’essentiel.  Clairement, le contact avec des enfants de son âge est un besoin qui se fait ressentir.  Par contre, sa conception de l’école n’est pas très académique : il voudrait aller dans une école internationale, on peut dire, avec des laotiens, des mongoles, des chinois,… et où on apprend à parler anglais, chinois, espagnol…  L’esprit du jeune rapporteur s’ouvre au monde : un concept est passé…

 Muang Ngoi


 Le débarcadère de Muang Ngoi

 La Nam Ou

Noé a testé le ver charnu grillé... bravo! 

 Panne de moteur sur les rapides: délivrance en perspective!

 La Nam Ou tumultueuse: chronique d'une panne annoncée!

 Bombinette américaine: good morning Laos!

 Notre hôtel




 Les saucisses lao: pas encore testées par nos palais...



 Vers le point de vue

 Forêt primaire

 Echelle primaire et animal préhistorique




 Technique d'approche du petit singe



Baignade du soir


Samedi 25 octobre 2014 – Dans les rizières de Muang Ngoi

Quel calme ce petit village de Muang Ngoi : on s’y complet grandement !
Le chemin du débarcadère nous mène sur un sentier, où, après nous être acquittés d’un péage de 10 000 kip par personne près des grottes de Tham Kang servant au financement de l’école et d’un dispensaire, nous traversons une petite rivière, et attaquons une route qui nous offre une belle vue sur les rizières en contrebas.  Nous allons jusqu’au village de Ban Na, où la vie tranquille d’un samedi après-midi s’écoule sans que notre passage ne perturbe qui que ce soit : le garagiste continue à réparer une mobylette, les femmes se douchent enveloppées de leurs sarongs, les enfants jouent à un cousin des billes,  les cochons se prélassent dans leur enclos de boues et les coqs… sont les mêmes dans tous les pays, aussi idiots à faire « cocorico » à toute heure du jour et de la nuit !  Sur le chemin du retour, Jean-Pierre et Noé prennent un raccourci, qui va tout simplement écourter leur ballade, puisque nous déplorons la perte d’une crocs jaune dans le flot de la rivière… Du coup retour à pied et à dos de papa pour Noé !  Nos chemins se séparent donc au croisement pour le village de Huay Bo : Jean-Pierre et Noé retournent à Muang Ngoi, et nous continuons à travers les rizières, les chemins boueux, les rivières à traverser, pour atteindre Huay Bo.  Là, on se rend compte qu’on aurait pu tout simplement passer à travers les champs de riz par Ban Na au lieu de faire le grand détour par la route principale !  Huay bo est encore plus sauvage en quelque sorte que Ban Na : les maisons sont dressées sur pilotis, les habitants semblent plus pauvres aussi, et aucun accès n’est possible en-dehors du chemin à travers les rizières et la rivière.  On aurait pu pousser encore une heure pour aller voir une grande cascade au pied des montagnes, mais l’heure est déjà avancée et la nuit tombe vite.  Raison officielle : on en a aussi un peu plein les pattes d’avoir marché sous un soleil de plomb toute la journée, on en a encore les doigts tout boudinés, et une grande envie de s’aérer les orteils !  5 ou 6 fois qu’on se déchausse et se rechausse pour traverser les rivières, ça commence à faire flop-flop dans les chaussettes - comptez combien il y a de « S » dans cette phrase : exercice de CP soit-disant !, parce que pendant ce temps Jean-Pierre fait les devoirs et c’est fièrement que Noé nous accueille en récitant les mois de l’année et les notes de la gamme musicale !  Bravo les gars !

Autant vous dire qu’on n’est pas allé bien loin pour le diner, et qu’on s’est jeté sur le laap et le riz gluant : ce ne sont pas les 3 biscuits avalés dans la journée qui nous ont tenu au corps !


Conseils aux voyageurs : Les environs de Muang Ngoi méritent amplement le détour.  On peut facilement rester dans les alentours 2 à 3 jours.  Pas besoin de guide pour les promenades, sauf pour des treks organisés de 2-3 jours dans la campagne peut-être.  On peut dormir aussi dans les villages de Ban Na et Huay Bo : plus rustique, mais pour 50 centimes d’euros la nuit, y a pas à chipoter!

 Le coucher de soleil à Muang Ngoi

 Noé et les cop's!


 Le péage 

 Encore une grotte!



 Aux environs de Ban Na



 Au hasard de Ban Na


 Sont-ce des truffes au premier plan?

 Il taille des bambous et il est musicien...



 Le port du manioc

 Avant la cata!

 Le riz est fauché





 Le pêcheur au filet



 Le temps des semis


Huay Bo

Dimanche 26 octobre 2014 – Bateau sur l’eau…

Grande journée de bateau qui commence par le départ de Muang Ngoi ce matin pour Nong Khiaw.  Il y a du monde sur le débarcadère : moitié touristes, moitié locaux.  Evidemment, les touristes se ruent sur le premier bateau qui arrive à quai : précipitation inutile, puisque plusieurs bateaux partent pour Nong Khiaw à la même heure, en tout cas au moins 2.  Enfin, ces mêmes touristes faisaient moins les malins quand ils sont partis à l’écoute du bruit de leur moteur : si on avait mis un stressomètre à bord, il serait dans le rouge !  Nous, nous montons dans le second bateau, qui a un air de « boat people » : chargés jusqu’à la gueule, quand y a plus de place, y en a encore, nous voilà partis pour une petite heure de navigation.  Par contre, quand on a passé les rapides où nous étions tombés en panne à l’aller, le trouillomètre de la Fifine ressemblait à celui d’une Inès sur un chemin boueux ougandais !  Ouf… ça passe ! 

A peine posé le pied sur le petit ponton de Nong Khiaw, nous rechargeons de suite sur un autre bateau qui nous attendait : le retour jusqu’à Luang Prabang, nous le ferons sur l’eau.  Et aucun regret de ce côté là !  Une belle journée de croisière sur la Nam Ou, où on ne se lasse nullement du paysage, de la tranquillité du cours du fleuve…  Un peu moins de 2 heures après Luang Prabang, il nous faut cependant débarquer : le passage sur l’eau est interrompu par un barrage en construction par… je vous le donne en mille : les chinois !  Et là, on ne peut s’empêcher de penser au proverbe : « Les Vietnamiens plantent le riz, les Cambodgiens le regardent grandir, les laotiens l’écoutent pousser, et les Chinois le vendent… ».  Un tuk-tuk-bétaillère nous attend et nous fait traverser un village, où les maisons sur pilotis semblent toutes neuves, comme dans un lotissement : à tous les coups, les chinois les ont construites pour leurs ouvriers ou en contrepartie de quelques ressources laotiennes naturelles.  C’est la loi du marché, même pour les républiques populaires démocratiques !  Heureusement que le tuk-tuk était là, parce que ça faisait une sacrée trotte à pied avec les sacs-à-dos : nous serions morts avant d’arriver au prochain bateau.  On se réinstalle en classe affaires sur nos sièges de  bus reconvertis, et continuons nos 3 petites heures de navigation tranquilles jusqu’à Luag Prabang.  Presque tranquille : le trouillomètre est monté au orange chez la Fifine quand le conducteur du bateau nous a demandé de mettre les gilets de sauvetage « Mais pourquoi faut-il mettre les gilets ??? ».  En fait, il y avait un passage sur la Nam Ou avec quelques remous, mais rien à voir, en toute subjectivité, avec le passage tumultueux vers Muang Ngoi. 

Et voilà ! C’était bien agréable d’avoir eu la chance de faire le trajet de Nong Khiaw à Luang Prabang en bateau !  Demain, c’est 8 heures de bus a priori qui nous attendent pour rejoindre la plaine des jarres…

Conseils aux voyageurs : 

Nong Khiaw-Muang Ngoi : bateau publique 25 000 kip/ personne, départs à 11h et 14h
                                            bateau privé (6 places) 400 à 500 000 kip

Muang Ngoi-Nong Khiaw :  bateau publique 25 000 kip/personne, départ à 9h30

Luang Prabang-Nong Khiaw :  on nous a dit partout que ce trajet n’était pas possible en bateau – comptez 3-4 heures de bus

Nong-Khiaw – Luang Prabang :  retour possible en bus, mais nous n’avons pas consulté les horaires et tarifs – en bateau, 2 possibilités : bateau privé (jusqu’à 6 personnes) pour 1 800 000 kip, ou bateau publique pouvant emporter jusqu’à 16 personnes avec un départ à 11h pour 116 000 kip/personne – dans tous les cas, possibilité de laisser un mot à la capitainerie pour remplir le bateau et partager les frais.

 Sur la Nam Ou

 Fifine s'arrache les cheveux dans la bétaillère!

 Au deuxième débarcadère

 Boat people

 Bye, bye Muang Ngoi

 Le baiser















 Lundi 27 octobre 2014 – Ca roule, Raoul !... vers Phonsavan


C’était bien marqué dans les guides : il y a beaucoup de virages sur la route de Luang Prabang à Phonsavan, et c’était peu dire !  Des Raoul, il y a bien failli en avoir quelques-uns !  Noé a un complément de réponse à une question posée récemment : « Pourquoi vous ne m’avez pas appelé Raoul, c’est cool ? » - Réponse : « On y a songé, mais on a vite écarté cette idée ! »

Enfin, on arrive au bout de 7 heures de route bien épuisantes à Phonsavan.  La ville en elle-même n’a aucun charme particulier, mais l’hôtel est bien sympa et reposant.  Ce soir, il y a 2 bonnes nouvelles pour Noé : on mange sur place et il peut commander un steak haché-frites !

 Sur la route de Phonsavan

 La vue du Laos est sublime (Noé)



La babouin veut arracher les cheveux de la pauvre bestiole! (Noé)

 Petite pause entre 2 virages

 Dans la voiture, le vomi est roi (Noé)!

 Au marché de Phonsavan



 L'écureuil et la poule se sont faits prisonniers par l'homme! (Noé)


 Tuk tuk de luxe

 La petite dentiste attend Noé! (Noé)


En face, Moorea?...


Mardi 28 octobre 2014 – La plaine des jarres

Si nous avons subi ce pénible voyage aux milles virages, ce n’est pas pour une certaine idée du masochisme, mais bien pour visiter la plaine des jarres, qui est au Laos ce que sont les moais à l’Ile de Pâques.  Il existe plusieurs sites, et nous en visiterons 3 aujourd’hui : c’est donc une « pétrojournée » qui nous attend !  Pour motiver Noé, l’énigme suivante lui est posée : à quoi servait ces jarres qui datent de plus de 2000 ans ? et comment ont-elles atterri si loin de la carrière où elles ont été creusées ?  On a bien un début de réponse…  D’après des recherches françaises, ces jarres seraient des emplacements funéraires.  Il a été retrouvé près du site le plus important, une grotte avec des restes de charbon, de cendres et os calcinés, qui étaient ensuite mis dans un petit pot avec quelques bijoux, lui même déposé dans ces jarres, scellées par un chapeau de pierre.  Autrement dit, crématorium et incinération à la laotienne.  Quant au transport, a priori, le poids des jarres, de une à six tonnes,  ne devait pas effrayer le dos d’un éléphant bien dressé : ça, c’est notre propre théorie.  Après, il y a bien sûr les légendes.  D’abord, celle qui raconte que les jarres auraient été confectionnées à partir de moules de peaux de buffle, cannes à sucre, un peu de  sable et d’eau pour lier le tout : on est déjà plus sceptique…  Et puis celle du chef-guerrier vainqueur de terribles ennemis après une bataille de 7 jours et 7 nuits, et qui aurait ensuite demander aux habitants de la contrée de construite ces jarres pour y enterrer les combattants et célébrer de cette manière la victoire du pays au million d’éléphants.
Les thèses françaises sont les plus probables à ce jour, et celles qu’on achète le mieux, mais la vérité sur la plaine des jarres, c’est aussi les nombreuses jarres pillées par des collectionneurs peu scrupuleux, et les bombardements américains entre 1964 et 1973, durant la guerre du Vietnam, en plein sur les jarres, dans lesquelles ils pensaient que les membres du Pathet Lao se réfugiaient.  Il reste quelques cratères bien visibles.  Il reste également quelques objets minés dans les parages, même si le site a été bien nettoyé pour l’ouvrir au public.  Néanmoins, on ne sort pas des sentiers battus !

Le premier site que nous avons visité est apparemment conseillé à toutes les visites : c’est l’incontournable !, parce que possédant le plus de jarres en son sein, la plus grosse jarre (peut-être celle qui abrite le chef-guerrier vainqueur de la légende), et la grotte funéraire qui a un étrange air de celle où la vierge Marie est apparue à Bernadette Soubiroux.  Comme quoi, selon le lieu et le temps, les mêmes éléments réunis ne font pas la même histoire…  Ces jarres plantées au milieu d’une steppe, aussi impressionnantes soient-elles, n’avaient pas le charme  de celles posées sous le grand arbre de Buddha ou sur la colline dominant les plaines de Phonsavan, accessibles par un sentier à travers les rizières et les rivières.  De plus, le bruit des avions dans le ciel (l’aéroport est juste à côté de ce premier site) nous donnait le sentiment angoissant que nous allions être bombardés d’un moment à l’autre !

Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés à un petit village, rebaptisé le « Spoon village », le « village cuillère ».  Les habitants ont eu l’écologique idée de recycler ces morceaux de bombes tombées du ciel en cuillères, mais aussi fourchettes, décapsuleurs à BeerLao, bracelets, ou, plus insolites, des pendentifs en forme de croix chrétienne…  La petite dame de la maison était si contente que nous lui achetions quelques objets (attention ! on a de nouvelles cuillères à verrines en aluminium made in apocalypse now… à bon entendeur !!!...), qu’elle nous a remercié en apportant un verre et une bouteille de 7up : c’était une contrefaçon, vous vous en doutiez !, et à chacun son cul-sec de lao-lao, qu’il fut impossible bien sûr de refuser !  Pour les hommes, c’est 2 tournées : probablement la tradition…  Enfin, à 11h du matin, ça nous remit d’équerre !

La fin de l’après-midi est tranquille, et ça nous fait du bien.  Demain, c’est une autre journée de route : nous nous arrêterons à Vang Vien avant de rejoindre Vientiane et quitter le Laos en fin de semaine…



 Noé vomit dans la jarre (Noé)

 Beurk!



Il est pas mal ce fauteuil! 

C'est vrai que c'est pas mal dans un jardin comme déco... 

 Le militaire est sur ses gardes (Noé)


 Un champignon?...

 Jamais vu un essaim aussi gros!

 Croisement d'une vache et d'un dromadaire?...




 Noé, ce n'est pas un pot de chambre!

 Un air d'Obélix et Astérix!


 Un missile dans le jardin, normal...



Pause entre hommes 

 L'arbre qui était né dans une jarre

 Plus grande que maman!



 Le boulet... de canon!

 Toutencanon

Impressionniste?...

Mercredi 29 octobre 2014 – Vang Vien

Encore un cabotant voyage jusqu’à Vang Vien : et ça tourne, et ça retourne, et ça se retourne encore…  Un instant, nous avons cru même être bloqués des heures à l’arrêt en plein soleil devant une montagne de terre déversée par une grue en furie, et une tractopelle qui essayait vainement de suivre le rythme : on voit bien que ce n’était pas Axel aux commandes…
Finalement, non : la route sera vite déblayée, juste le temps d’un petit pipi !


Arrivés à Vang Vien, après avoir déposé les bagages, la première chose que nous faisons est d’aller se poser au bord de l’eau prendre un jus de fruits bien frais.  On avait dit au bord de l’eau, pas sous l’eau !  La pluie nous surprend : elle n’en est que plus rafraîchissante…

 La tractopelle d'Axel

 Arrivée à Vang Vien

 Avant le grain...

 Ca menace, ça menace!


 Moi je m'en fiche, je suis déjà mouillé!

 Et voilà la pluie!



Jeudi 30 octobre 2014 – Autour de Vang Vien

« Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette
Y avait Milou, y avait Sophie, JP, Emilie, Noé,… et Fifinette ! »…
Voilà notre humeur du jour : guillerette et à bicyclette !  De bon matin, c’est un peu exagéré : aucun bus ne nous attend ce matin, alors dégustation du petit-déjeuner.  Ceci étant, il ne faudrait pas se faire rattraper par la chaleur.  Noé maîtrisant parfaitement les 4 nages, mais pas les pédales du 2 roues, Jean-Pierre le prend comme un pacha sur un quad, pendant que le reste de la troupe enfourche les montures à roulette.  Faire du vélo à la laotienne, c’est comme rouler sur une piste de VTT avec la bicyclette bleue de Régine Deforges : ça secoue et ça tape des fesses sur la selle!  Première aventure, passer une immense flaque de boue, un petit ponton en bambou ayant été construit pour permettre le passage sur la droite :  mais le passage des 2 roues ou des 2 pieds uniquement !  Ce n’est pas grave : un quad, ça passe partout… sauf là !  Jean-Pierre, de la boue jusqu’aux chevilles sur un bermuda neuf de couleur claire - même très claire (autant dire qu’il va falloir acheter de nouveau une petite teinture textile…) – se trouva fort dépourvu, et alla crier « Famimine » pour lui porter secours.  Ca commence bien !  Heureusement passa par là une camionnette, qui nous a bien sorti de la m….ud !  Tout cela méritait un petit plongeon dans le Blue Lagoon, de plus ou moins haut selon les participants. 

Après qu’Emilie ait roulé sur un serpent, après qu’Emilie ait crevé sa roue arrière, après qu’Emilie (toujours la même) en ait plein les fesses au sens propre et figuré du terme, la bonne pluie chaude d’été nous fait sortir les ponchos sur le retour.  Nous nous serons régalés : un petit circuit de 25 à 30 kilomètres, de la piste plus ou moins caillouteuse (plutôt plus que moins à 90%!), d’inlassables paysages de montagnes et de rizières, de tranquilles villages hmong, des laotiens au quotidien… Vraiment que du bonheur !

Mais ce ne serait pas honnête de ne pas avouer qu’en cette fin de journée sportive, nous avons retenté le massage au Laos.  Il ne serait pas honnête, non plus, de ne pas avouer que nous l’avons déjà testé la veille.  Les filles, déterminées, s’essaient au massage lao aux herbes et grand bien leur en a pris.  Jean-Pierre a finalement fait un refus d’obstacle devant le massage suédois - on ne saura donc jamais si une jeune fille blonde aux yeux bleus de 1m80 aurait été aux commandes…  A la place, la mère maquerelle du coin lui a tiré le caleçon et mis de l’huile… Paraît que ça lui a fait du bien !

Conseils aux voyageurs :  Comme à Muang Ngoi, on peut passer aisément quelques jours à Vang Vien.  Les lieux se prêtent à de nombreuses promenades - à pied, vélo ou petites motos - à travers la campagne laotienne.  Il y a de nombreux endroits où se baigner, petits lacs ou rivière sous un pont, des grottes à explorer tous les kilomètres, faire du kayak ou du tubing… et puis le cadre est tout simplement charmant !

 Crevaison: quad en surcharge!

 Heureusement, il y a toujours un lao réparateur pas très loin




 Le peloton


Le Blue Lagoon 

Aïe, aïe, ça glisse! je vais me retrouver sur le cul! Non, je déconne: je maitrise!  

Leçon de marche sur l'eau : une espèce de catéchisme...


Un petit air d'Indochine... 

Un grand air d'Indochine! 







Je peux vous aider, les filles?... 

A bicyclette! 








 Depuis le temps que ça menaçait! Emilie, ne tire pas la langue!




Passage difficile à gué de boue! 

Et ça menace encore plus! 

Passera...? passera pas?... à l'aller, ce n'est pas passé! 

Ouf, c'est passé! (Jean-Pierre, ne tire pas la langue!) 


Vendredi 31 octobre 2014 -  Vientiane : back - end

Mini-bus, Vang-Vien-Vientiane, 155 km de secousses, 3 à 4 heures.  Journée tranquille au bord de la piscine, et dans la piscine pour Noé et son papa surtout.  Besoin de repos après ces trépidants 15 jours, besoin de profiter encore un peu de nos amis avant de nous quitter demain.  Dernier dîner de folie au palais des rouleaux de printemps, et mochi glacé en dessert : pas mal du tout !

C’est la fin de nos 3 semaines laotiennes.  Que dire du Laos ?, si ce n’est un pays tranquille, presque trop par rapport à ses voisins, que ce soit au niveau de son histoire, au niveau des gens, qui sont très gentils, mais chez qui tout semble couler sans le moindre sourcil levé.  C’est un pays aussi pour lequel on se demande quel essor économique peut-il espérer ?  Coincé entre les géants vietnamien et thaïlandais, sans accès à la mer, il lui reste le Mékong et des plaines fertiles au sud.  Mais les laotiens ont-ils vraiment envie de changement ?  Rien n’est moins sûr, et l’authenticité qui perdure ici est le principal atout-charme lui permettant de tirer son épingle du jeu touristique en Asie du Sud-Est. 

Nous reviendrons au Laos : les 4000 îles du sud où nous n’avons pas pu aller durant ce voyage continueront à nous faire fantasmer, et ce sera l’occasion d’un point de départ d’un autre trajet-découverte en Asie du Sud-Est pour le prochain tour du monde !


















































4 commentaires:

  1. souvenir- souvenir...
    vous avez pris les tuktuk moto à 3 roues à Paksé?
    faites vous un bon Larbb en pensant à nous. Mon ptit doigt me dit qu'on repassera dans le coin un de ces jours.
    Si vous allez à Champasak recherchez Cinéma Tuk tuk.
    En attendant Ines a déniché des Naan surgelé à Hyper U, elle a dévalisé le rayon, soirée indienne en perspective!

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  2. On voit pas beaucoup JP en train de bosser! Je parie qu'il est volontaire tous les jours pour aller à la pharmacie de Pakse checker ses mails....
    Bisous
    Ines

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  3. Réponses
    1. Ca arrive, ça arrive: on est au rythme laotien, on écoute le riz pousser!

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