Cuba

Lundi 17 mars 2014 – De San José à Holguin

Encore une bonne journée de voyage bien épuisante, mais après tout, mieux vaut condenser les voyages et ensuite se poser pour quelques jours, du moins telle est notre manière de le prendre, avec philosophie…
Tous debout à 4 heures du matin, on reprend la direction de l’aéroport de San José, pour rejoindre La Havane à Cuba après une courte escale à San Salvador. Arrivés en début d’après-midi, nous n’avions aucun plan particulier pour débuter notre voyage sur cette île, si ce n’est de se poser quelques jours au bord de la mer, plutôt côté sud de l’île.  Et c’est là que va commencer la confrontation avec l’administration cubaine ! Début d’une heure d’attente devant le bureau de change à l’aéroport pour s’entendre dire qu’ici on ne change que la monnaie cubaine en dollar et pas l’inverse (hic !) et idem devant le bureau de Cubana airlines qui ne fait que les billets pour vols internationaux (re-hic !).  Après avoir rejoint le terminal aéroportuaire national n°1 (qui n’est pas la porte à côté des arrivées internationales : bus ou taxi sont indispensables), nous poireautons encore 2 bonnes heures devant un autre bureau de la Cubana airlines pour un vol direction Santiago de Cuba… que nous ne prendrons pas ! Naïfs que nous sommes, nous n’avions pas compris qu’il fallait discrètement passer quelques billets supplémentaires pour avoir droit à une place dans le dit-avion ! Bref, on s’est fait avoir par les petits copains du chef au syndrome de la casquette, qui nous sont allègrement passés devant !  Tant pis, on quitte un peu énervés la Cubana airlines pour le concurrent Aerocarribbean (qui n’en est pas vraiment un, puisque toutes les compagnies aériennes appartiennent à l’Etat) et prenons le premier vol pour Holguin, 3ème ville du pays, au nord-ouest de Santiago de Cuba.  Un vieil ATR sans climatisation ni air, tanguant à l’arrivée sous l’effet des alizés, nous conduit à bon port, et l’on rejoint le centre de la ville, où nous avions réservé à l’arrache une chambre pour la nuit dans une « casa particular ».  Depuis environ 15 ans, après avoir connu une grave période de récession économique suite à l’explosion du bloc soviétique, les cubains ont le droit d’offrir leur toit pour accueillir les touristes : c’est un hébergement chez l’habitant, qui permet de côtoyer au plus près le mode de vie des cubains.  Le très gentil Enrique n’avait finalement plus de place, mais s’était enquit de nous trouver à 2 pas de chez lui un autre toit.  A plus de 11 heures du soir, nous fûmes bien heureux de poser nos fesses, Noé ayant capitulé depuis un moment déjà ! 


Notre arrivée à Cuba s’est donc faite toute en contraste: d’abord tenter d’écarter nos a priori sur tout ce que nous avons lu sur l’histoire de Cuba et des cubains, affronter le bloc administratif puissant et omniprésent, être rassérénés par la gentillesse des cubains, et l’impression de plonger dans les années 50-60 en montant à bord d’une Chevrolet de 1954.

Avec tous ces avions, on ne sait plus où donner de l'étiquette!
Mardi 18 mars 2014 – Playa Herradura

Holguin est une ville plutôt décrite comme industrielle et située dans les terres ; c’est pourquoi nous avions décidé rapidement de ne pas y rester.  C’est finalement étonnant de partir de Tahiti faire le tour du monde, et avoir en même temps ce besoin de soleil-plage-mer !

Nous nous levons tranquillement et discutons après un bon petit-déjeuner avec nos hôtes.  C’est le côté plaisant de la casa particular : le partage du quotidien.  C’est un jeune couple qui tient la maison (petit à côté permettant d’arrondir les fins de mois : quand on songe qu’on loue en moyenne une chambre 25 dollars la nuit et que le salaire moyen mensuel des cubains est de 25 dollars !...), dans l’attente de leurs premiers enfants (des jumeaux !), vivants sous le même toit que leurs parents, et un ami médecin interniste avec qui nous avons longuement conversé.
Nous décidons de partir en fin de matinée au nord de Holguin, dans la province de Las Tunas, à Playa Herradura, à environ une heure de route.  Peu à peu nous quittons les faubourgs de la ville avec ses maisons toutes grillagées du toit au jardin, et nous nous enfonçons dans un Cuba plus authentique, croisant camions avec à bord marchandises et nombre d’auto-stoppeurs, bici-taxi, carrioles à chevaux, champs de canne à sucre et de bananes, vieilles voitures des années 50-60, avant d’arriver à un petit village au pied de la Playa Herradura, endroit encore peu fréquenté touristiquement.  Nous sommes logés chez Zory et Gaby, dans une casa particular, juste au bord de l’océan : on a de la chance, ils n’ont qu’une seule chambre !  Nous sommes reçus comme des rois : les cubains ont appris durant les 60 dernières années à être les rois de la débrouille dans tous les domaines, de la réparation de voiture ou autre appareil électrique, à la façon de cuisiner avec si peu (les cartes de rationnement alimentaire existent toujours !). 
Le village et sa plage nous évoquent ce qui devait exister encore en France ou à Tahiti il y a 50 ans.  Nous sommes heureux de profiter de la vie traditionnelle cubaine avant qu’un gros complexe hôtelier ne vienne perturber ce havre de paix, comme c’est le cas à Varadero ou Guardalavaca, 2 grosses stations balnéaires de l’île.  Hé oui, l’ouverture au tourisme a ses avantages et ses inconvénients !

Nous passons une journée bien tranquille, récupérant de notre fatigue de la veille, nous baignant (enfin, un peu… l’Atlantique est plus froid que le Pacifique, vérité confirmée ! et Noé est comme d’habitude le plus courageux !), nous promenant dans le village, saluant les gens à leurs terrasses en fin de journée qui nous répondent d’un air encore un peu méfiant face à l’étranger, et savourant un Cuba Libre sur une balancelle au coucher du soleil… Exactement ce dont nous avions envie pour quelques jours, être avec les gens du pays et non à côté.

Prometteur non?...

Promesse tenue!

La jolie et tranquille Playa Herradura

Et on remonte le temps en véhicules à moteur

Cuba - France: match amical!

Mercredi 19 mars 2014

Une journée qui s’écoule au rythme cubain : grasse matinée, devoirs, plage, petit encas, et puis la grande sortie de la journée fut tout de même la visite de l’école primaire de Herradura.  Nichée au cœur du village, pas bien grand outre mesure, avec une petite cour entourée de bougainvillée, voilà l’école.  Au milieu de la cour trône le buste de José Marti, un héros glorifié de l’indépendance cubaine, et qui se trouve dans toutes les cours d’école. Nous sommes accueillis par un maître qui était en train de donner un cours d’anglais grâce à un support vidéo à 2 élèves de 11 ans.  L’école comporte 5 petites classes, chacune équipée d’une télé et une a même un ordinateur.  6 maîtres pour 32 élèves : un ratio qui fait rêver !  Qui dit petit village, dit peu d’élèves de 5 à 11 ans, donc les maîtres fusionnent les cours sur 2 années consécutives.  Le reste des professeurs et enfants que nous n’avons pas pu rencontrer étaient partis à la bibliothèque, au musée, faire du sport… Les cours ont lieu du lundi au vendredi de 8h à 12h, déjeuner à la maison (pas de cantine), puis reprise de 14h à 16h.  Après l’âge de 11 ans, les enfants intègrent le collège dans une ville proche un peu plus grande en prenant le bus scolaire et apprennent les matières classiques : espagnol, maths, physique, histoire, etc… Le seul terme qui nous a un peu surpris, occidentaux que nous sommes, fut la matière dite « politica » : en fait, cela correspond à l’éducation civique, avec étude des lois et droits de chacun, des symboles de la patrie, etc… Pour le contenu exact, nous n’en saurons rien bien sûr, mais une carte du « mundo politico » trône au milieu d’une des classes.  L’accueil qui nous fut réservé était empreint de gentillesse, et de curiosité de la part des élèves, probablement peu habitués à être interrompu en plein cours par des étrangers, mais contents aussi d’écourter la leçon d’anglais ! Le taux d’alphabétisation à Cuba est proche de 100% : l’école et la santé sont gratuites et accessibles à tous.  Le seul point est l’opportunité ensuite de trouver du travail, et nombre d’universitaires sont à la rue…

C’est à partir de 17h environ que la plage se remplit de quelques enfants cubains, souvent non accompagnés, jouant dans l’eau et au foot sur le sable.  Innocente enfance…

Besoin d'un taxi? bananes? chaises?... y a tout en magasin, livraison à domicile!

Stars des années 60!


Les pieds en éventail: c'est bon!



L'école primaire de Herradura

La cour de l'école avec en son centre José Marti

L'une des classes de l'école

Et quand même un petit Cohiba pour finir la journée!
Jeudi 20 mars 2014 – Chaparra

Nous décidons aujourd’hui après un petit farniente à la plage de prendre le bus de 13h pour Chappara, une localité à environ 30 minutes de Herradura, afin de quérir internet auprès de l’office des télécommunications cubaines, seul endroit où l’on peut avoir une connexion, en-dehors de quelques hôtels 4 ou 5 étoiles qui offrent le wi-fi.
Nous rencontrons à l’arrêt de bus notre ami l’instituteur de la veille, accompagné de 2 collègues.  L’une d’entre elles enseigne le théâtre et habite à Chappara : elle se montrera fort charmante à nous guider.  Le bus ne désemplit pas et ne refuse aucun passager.  Les cubains sont spontanément polis, se levant pour laisser s’asseoir femmes et jeunes enfants, ou personnes plus âgées.  Nous arrivons enfin au terminal des bus de Chappara, où attend une file de carrioles – taxis, spectacle d’un autre temps ravissant le petit Noé.  Il paraît qu’il y a 50 ou 60 ans, Chappara était une ville fort animée, désormais tombée en désuétude: de vieux bâtiments délabrés, quasi-aucun commerces, une usine de cannes à sucre tombée en ruine, de rares personnes errant dans les rues ou assises à l’ombre d’un arbre, des panneaux vantant les bienfaits de la révolution...  Seule une ancienne locomotive trône au milieu de nulle part, rappelant que la voie ferrée fut un temps active avant de devenir le lieu de pâturage  privilégié de quelques chèvres. 
Poste française, tahitienne ou cubaine : toutes les mêmes !  Même sourire de courtoisie, même accueil, même efficacité ! Nous achetons une carte internet : la connexion est rapide, mais malheureusement nous ne pouvons pas utiliser de wi-fi (qui devrait être disponible d’ici un mois) pour mettre à jour le blog.  Nous nous demandons si les téléphones portables existent à Cuba, car notre demande de carte sim échoue devant notre charmante hôtesse de la poste.  Nous découvrirons un peu plus tard dans la journée qu’en fait, oui, il y a bien des portables à Cuba, et qu’ils fonctionnent !

Nous n’avons pas trop de mal à retourner à Herradura, le bedonnant et agréable Luis, coiffé d’un chapeau blanc de planteur de café, nous proposant rapidement un retour pour 5 CUC à bord de sa Chevrolet verte de 1955, refaite avec un moteur Mercédès et offrant l’air conditionné !  Hé bien, c’était bien  mieux que les taxis actuels !   
A ce propos, il existe 2 monnaies actuellement à Cuba : le peso cubain avec lequel fonctionnent les habitants (et qui ne vaut rien !), et le peso cubain convertible appelé CUC, utilisé pour et par le tourisme essentiellement.  Pour un ordre d’idées du niveau de vie à Cuba : un médecin cubain gagne 20 dollars par mois…


De retour à Herradura, nous passons un dernier moment à la plage, et constatons en nous promenant en fin de journée que les visages des villageois sont désormais plus ouverts et souriants, comme s’ils s’étaient habitués à notre présence…  Dernier repas chez Gaby et Zory (diminutif en réalité de Zoraya) : la cuisine y est délicieuse ! Nous n’avons qu’à nous féliciter de cet endroit merveilleux que nos hôtes nous ont offert, à recommander pleinement : la chambre vue sur l’océan avec sa balancelle, les repas fameux et copieux, le sourire et la disponibilité permanente.  De plus en plus d’empathie pour le peuple cubain…

La voiture de Luis

La voiture des autres...
Vendredi 21 mars 2014 – Le printemps fêté à Santiago de Cuba

Nous quittons Zory et Gaby aujourd’hui, en leur souhaitant beaucoup de courage et de prospérité : on était bien là, comme à la maison…

Il nous faut environ 3 heures – 3 heures et demi pour rejoindre dans la direction du sud Santiago de Cuba, qui fut un temps la capitale de l’île avant d’être supplantée par La Havane.  C’est actuellement la 2ème plus grande ville du pays, berceau de la musique cubaine (Compay Segundo et le Buena Vista Social Club étant les plus célèbres de part le monde), et une population mélangée de cubains, espagnols, français de Haïti, et descendants d’esclaves africains.  Ces ethnies partagent désormais le même quotidien et ont su dans la musique vivre en harmonie.  La casa particular que nous avions pris le soins d’appeler la veille n’avait plus de chambres disponibles, mais les propriétaires s’étaient chargés une fois encore de nous trouver un toit tout proche et aussi bien tenu.  Pour l’instant, je ne suis pas certaine de toute façon qu’il y ait une maison accueillant des touristes qui ne soit pas pleine d’attention.  Nous logeons près du Parque Cespédès et de la cathédrale de Santiago de Cuba, en cours de rénovation.  Socialisme extrême oblige, nous n’avons pas vu beaucoup d’églises, et c’est encore là un paradoxe de ce pays, pourtant fortement converti au christianisme durant des siècles.  Les cubains restent croyants, de façon plus ou moins affichée (la Vierge de El Cobre, non loin de Santiago de Cuba, est encore célébrée tous les ans).  Il existerait aussi des restes de croyances vaudous se cachant derrière des icônes évangéliques : un tel mélange des cultures règne ici, rappelant un peu la Louisiane.
Après avoir réglé quelques détails sur le déroulement de notre voyage pour les prochains jours, nous allons déjeuner dans un restaurant d’état : architecture simplifiée, zéro décoration, un personnel débordant peu souriant, et au menu le choix entre poulet grillé – poulet à la plancha – poulet frit – salade de poulet ou riz au poulet.  Finalement nous opterons pour du poulet ! Même dilemme au gouter quand nous voudrons offrir une glace à Noé : au Palacio del Dulce, nom pourtant très prometteur, il n’y a aucune douceur !  Ici, quasiment tout appartient à l’état, avec un personnel payé 15 dollars par mois, alors pourquoi faire des efforts ? Personne ne va se plaindre…
Nous continuons notre chemin au gré des rues du centre historique de Santiago de Cuba, appréciant de plus en plus cette ville de mélange architectural aux anciennes maisons coloniales espagnoles aux devantures colorées et délabrées, cachant souvent des bijoux de patios charmants et rafraichissants, les joueurs de dominos ou d’échecs installés dans les parcs en plein air, les musiciens au coin des rues, les vendeurs de tout en tout genre… 

Attirés par la foule et la musique retentissante, nous nous arrêtons en fin d’après-midi à la casa estudiante de la rue Heredia, où a lieu en fait le Festival Trova de la Musica Cubana : le véritable jumeau du Preservation Hall de la Nouvelle-Orléans !  A l’intérieur, des chaises, des musiciens, des danseurs improvisés au gré du rythme de la salsa, un bar où nombre de cubaines tentent d’harponner qui voudra, des photos de quelques grands noms de la musique cubaine dont bien sûr le célèbre Compay Segundo… Celui qui nous étonnera le plus sera Noé, qui, entraîné par une mamie cubaine, fera ses premiers pas de danse : impossible de l’arrêter, le démon de la salsa !  Il était aux anges, se découvrant presque une véritable passion ! 

Au revoir Zory!

La Cathédrale de Santiago de Cuba


Joueurs de dominos à la place Dolorès


Vue du balcon de Diego Velasquez

Cougar en chasse et en leçon de salsa!

Compay et compère, à la casa estudiantes

Samedi 22 mars 2014 – El Castillo del Morro San Pedro de la Roca et Cayo Granma

C’est a priori notre dernier jour à Santiago de Cuba, et nous décidons d’explorer un peu les environs plutôt que de nous cantonner aux musées de la ville, tous, il faut l’avouer, orientés sur l’indépendance et la révolution cubaines…
Notre choix s’est porté sur le Fort d’El Morro, qui, comme son nom l’indique, fut construit par les Espagnols pour surveiller toute attaque de l’île, principalement de celles des pirates sévissant dans la mer des Caraïbes (dont l’un des plus redoutés était un français, Francis Nau), et qui, ironie du sort, abrite désormais un musée dédiée à la construction de la forteresse, mais aussi de la piraterie !  Autant dire que les aventures imaginaires ont germé dans l’esprit de  notre petit homme, à la vue des épées, pistolets de flibustiers, et autres boulets de canon ! 
-       « Alors, Noé, comment tu l’as trouvé ce fort ? »
-       « Ah non ! mais c’était hallucinant ! »

L’endroit offre une vue magnifique sur la baie de Santiago de Cuba, où siège au milieu une petite île, qui a presque disparue sous l’amoncellement de petites maisons aux toits rouges : Cayo Granma.  Un bac permet de rejoindre le cayo, dont nous faisons le tour en un quart d’heure sans nous presser !  Il n’y pas plus de plages sur ce petit cayo, et on constate aussi les dégâts laissés par l’ouragan Sandy il y a environ 2 ans : c’est vrai qu’on en a entendu beaucoup parlé s’agissant de Haïti et du sud des Etats-Unis, mais Cuba en a également bien souffert.  Il règne à Cayo Granma une véritable atmosphères caribéenne : les couleurs, la musique, les gens qui dansent dans les rues, les pêcheurs… Les gens sont pauvres et un peu isolés.  Nous croisons quelques habitants devant une sorte de grotte : ceux-ci nous expliquent que c’est un tunnel pour qu’ils puissent se réfugier en cas de guerre… La méconnaissance entretenue du monde du 21ème siècle, le fait de côtoyer peu de touristes, entretient la terreur visiblement…  Nous passons vraiment un agréable moment sur ce petit bout de terre, nous délectant à midi d’un succulent rouget grillé et d’une énorme langouste, la première goûtée à Cuba. 
Raphaël, notre chauffeur de taxi pour la journée, a été vraiment agréable, avec sa Chevrolet bleue brinquebalante de 1950, et nous ramène au parc Cespédès, au centre de Santiago de Cuba, après un court arrêt sur une playita pour faire un petit plongeon : mais comme c’est samedi, ça grouille de monde et on sort rapidement.  Il fait encore très chaud en cette fin d’après-midi, et nous remontons la calle Heredia : je tenais avant de quitter la ville voir le poème du fameux José Maria de Heredia, Niagara, gravé sur la façade de la maison natale du poète.  Retour via la casa estudiantes où la musique ne cesse de résonner, un mojito ce soir en dînant sur l’une des terrasses de Santiago de Cuba et on refait le monde…

Castillo El Morro

Pirates en vue!


La baie de Santiago, hisse et ho!


Photo de la cloche par la cloche! (l'histoire ne dit pas laquelle...!)

Embarcadère pour le Cayo Granma

Cayo Granma

Visite du bunker à dos de Junior

Vraiment sympas les potos!




Retour sur le ferry

Le taxi de Rafaël!

Le Buena Vista Spice Boys Club Band (enfin, plus beaucoup...!)

Qui savait que José Maria Heredia était cubain et avait un frère français?


 Dimanche 23 mars 2014 – Direction Baracoa


Non, nous n’avons pas loué ni une Chevrolet, ni une Plymouth, ni une Buick, mais une insipide KIA avant de quitter Santiago de Cuba pour rejoindre Baracoa.  L’ « autoroute » nous conduit à Guantanamo, désormais tristement célèbre, alors que nous fredonnons Guantanamera (dont l’origine se situe bien sur ici) pour donner le change à la banlieue sans charme de cette ville : d’un côté les immeubles type HLM abritant la misère, de l’autre les mêmes mais repeints pour les militaires !  Impossible de longer la côte à cause de la présence de la base navale militaire américaine, et de toute façon le chemin est paraît-il encore truffé de mines ; mais, une fois l’obstacle contourné, la mer des Caraïbes se dévoile de nouveau sous nos yeux.  Il y a quelques plages, désertes le plus souvent.  A la playita de Cajobabo, après une bonne pause repas à l’ombre d’un manguier, nous bifurquons vers le nord et empruntons la route de La Farola, « la mas segura del mundo » d’après les gens d’ici !  Cette route construite à flanc de montagne rassemble à tous arrêts - points de vue des cubains vendant du chocolat et surtout des cucuruchos, des friandises locales dans des petits cônes de palmier, sorte de pâte de coco râpé mélangée à du miel, des noix ou cacahuètes et des fruits (les nôtres étaient à la goyave, excellentissime !). 
Nous arrivons en milieu d’après-midi à Baracoa, la première ville de Cuba, fondée en 1511 par Diego Velasquez.  Les vestiges du colonialisme architectural bordent les rues de cette ville, qui d’emblée nous semble accueillante.  Le señor Andres nous offre un toit et une terrasse, et nous passerons la fin de la journée sur la plage de sable noir à l’entrée de la ville, où les cubains se baignent en masse : c’est dimanche !  La baie est vraiment magnifique.  Langouste et poisson façon Baracoa (au lait de coco), pendant que les répétitions du carnaval au rythme de la conga défilent dans la rue : la semaine prochaine, c’est le festival de Baracoa, et nous apprenons que chaque ville ici a sa propre date de carnaval pour des raisons de logistique simplement, car sinon il n’y aurait pas assez de bière pour étancher la soif de tout Cuba !


32 jours d'interrogatoire dans les geôles impérialistes

On noie le poisson...

A la sombra, con un Bucanero por favor!

Le Malecòn de Baracoa

Playa de Baracoa

Lundi 24 mars 2014 – Boca de Yumuri

A une trentaine de kilomètres à l’ouest de Baracoa se trouve, juste après le tunnel de Los Alemanes, Yumuri, petite localité au tempérament créole.  C’est le rio Yumuri qui a laissé son nom au village, et le pont qui le surplombe offre une vue magnifique sur cet endroit où des centaines d’indiens se sont jetés du haut des falaises pour échapper aux conquistadors : lourde histoire, désormais bien lointaine… Les guides nous contaient le côté exaspérant des « jineteros » (rabatteurs en tout genre) de Santiago de Cuba : à vrai dire, rien à voir avec ceux de Yumuri, qui ont bien failli nous faire faire demi-tour.  Finalement, nous avons suivi Ramòn, et pris place sur une petite barque nous menant jusqu’à une île au milieu de la rivière.  De là, nous avons poursuivi une courte ballade dans la forêt : quelques amandiers, des caféiers (mais ceux-ci ne donnent des graines que durant les mois de septembre-octobre-novembre), des cabosses de cacao toute l’année, des « urus » (arbres à pain, dont le fruit est ici utilisé dans la cuisine pour les femmes allaitantes afin d’améliorer la qualité et la quantité de lait).  Petite pause dans une piscine naturelle au milieu du rio : l’eau y est discrètement salée, mais surtout d’une limpidité incroyable.  Bref, le premier bain de la journée est le bienvenu et bien rafraîchissant : c’est l’été à Cuba et il fait une chaleur d’enfer !
De retour à note véhicule, nous faisons demi-tour : j’avais repéré sur le chemin une petite cabane, La Playita, coin idéal pour une pause-déjeuner-langoustes au bord de la mer.  Encore une plage quasi-déserte, au sable brûlant sous nos pieds : 2ème bain de la journée !  Tant qu’on y est, on ne va pas se gêner : 3ème bain à la plage de Cajuajo ! Bon, celui-ci, il se gagne : le chemin y menant est loin d’être une super piste, mais avec un peu de persévérance on débouche là encore sur un coin ombragé magnifique.  On nous proposera même un pique-nique à base de langoustes, mais là, les langoustes pour le goûter, on n’en pouvait plus : il ne faut pas exagérer non plus !  Les habitants du coin vivent de l’élevage de porcs et de poules essentiellement.  Nous apprendrons que même les vaches et chevaux appartiennent tous à l’Etat ici : si par mégarde on tue un de ces animaux, c’est 16 ans de prison !... No comment…
Retour tranquille sur Baracoa : nous attendons au moment du dîner le passage de la fanfare du carnaval.  Cette fois, Noé est à fond, descend comme une furie dans la rue, et le voilà embarqué au bras de mamas créoles à danser la conga, le petit blanc aux yeux bleus !  Quand on vous dit qu’il s’est découvert une vraie passion, d’ici à ce qu’il nous embarque une petite cubaine dans la valise, on ne serait pas surpris !

Hasta la Victoria Siempre!


Rio Yumuri



Un caféier



Ca, c'est du fusil harpon made in Cuba!

La Boca del Rio Yumuri

Le tunnel des Allemnads: ils ne se sont pas trop cassés la tête!

La Playita


La Playa de Guajajo

A l'heure de la conga!

Mardi 25 mars 2014 – Cayo Saetia

Nous avions prévu de partir tôt ce matin, quittant la charmante bourgade de Baracoa, direction une petite plage non loin de là, la Playa Maguana, afin d’y passer la journée et la nuit, agréable halte sur notre trajet du triangle du sud de Cuba.  L’endroit est effectivement idyllique : une petite baie de sable blanc entre les rochers, isolée, un petit hôtel géré par le gouvernement comme seul lieu de villégiature.  Malheureusement, ces hôtels d’Etat travaillent avec une compagnie de voyages, bien sûr également gérée par l’Etat, la Transgaviota, et nous nous sommes faits doublés par une horde de touristes ayant choisi cet organisme ! Grrrrr….. ! Pas grave, nous avons un plan B : direction le Cayo Saetia.  De la playa Maguana, on essaie d’assurer les arrières en téléphonant pour réserver une chambre, mais cela s’avère être une épreuve, la communication coupant sans arrêt, même d’hôtel gouvernemental à hôtel gouvernemental.  Il faut avouer qu’hier soir aussi nous avions tenté d’assurer le coup de la réservation à Maguana, mais les offices de télécommunications étaient à court de cartes téléphoniques : hic !  Cuba n’est vraiment pas un lieu comme les autres : non seulement dépourvue de tout, mais le cœur administratif bloque tout aussi.

La route entre Baracoa et Moa nous était annoncée truffée de nids de poules : faux !, ce sont au moins des nids d’autruches que notre KIA essaie d’éviter!  Nous arrivons finalement au Cayo Saetia, peu après la petite ville de Levisa, dont l’entrée est marquée par un petit pont de bois et un poste de contrôle gardé par un gardien : 1er  contrôle des passeports afin de montrer patte blanche pour pénétrer dans ce lieu, désormais une réserve naturelle protégée, avec des animaux exotiques tels que des zèbres, autruches, antilopes, cobs… et autrefois réservé à la nomenklatura pour le plaisir de la chasse !  Il n’y a qu’un seul hôtel ici (de l’Etat !), à l’image de ceux par qui ils sont administrés : rien n’est simple, c’est la loi ! 1 femme de ménage, 1 jardinier, et 6 administratifs pour un accueil d’une vingtaine de personnes : cherchez l’erreur ! Le service y est bien médiocre, en tout : pour le paiement, la nourriture, même pas un mojito pour oublier tout ça !  Le seul atout de ces établissements est leur emplacement et leur monopole. Nous passerons la fin de l’après-midi sur une des plages du Cayo, plage de sable blanc, eaux turquoises, et attaque de moustiques de sables au coucher du soleil ! 
Nous nous endormons en silence : il y a encore des micros partout dans l’établissement !  Un autre monde, et pas le meilleur !...



La Playa Maguana

Cayo Saetia
Mercredi 26 mars 2014 – Cayo Saetia : ballade à cheval et safari !

En fin de matinée, nous partons en promenade à cheval, avec 2 jeunes touristes allemands, Fabian et Julia, rencontrés depuis 2 jours qui suivent à peu près le même chemin que nous.  Julia est comme moi : pas très rassurée sur ces animaux à 4 grandes pattes, mais on se lance quand même, une heure ne devrait pas trop nous tuer !  Noé monte avec son papa.  Au début, on ne voulait pas le prendre, le guide le pensant trop jeune : s’il savait la ballade qu’il a fait à Ua Huka en décembre, tout seul sur son cheval !  Nous commençons à prendre le chemin balisé, et alors que nous étions en train de nous dire que l’on n’allait certainement pas devoir en sortir, nous bifurquons dans la forêt, où nous rencontrons de rares animaux.  En fait, notre « instructeur » veut nous emmener voir la girafe du parc, mais nous serons arrêtés par un groupe de buffalos, a priori par très accommodants ! Donc, demi-tour, et retour tranquille au trot sur la plage, où nous passerons l’après-midi.  Des hordes de touristes arrivent à cet endroit tous les jours en masse de Guardalavaca en catamaran vers 11h, profitent d’un buffet et du site et à partir de 15h, il n’y a plus personne, sauf ceux qui résident sur le cayo.  Ambiance étrange : nous nous heurtons encore une fois au fonctionnaire d’état à son paroxysme.  C’est incroyable ce que Cuba a produit depuis des années : une population divisée entre ceux qui profitent à fond du système et de leur position protégée qui ne leur apporte rien s’ils fournissent le moindre effort (même changer de table au restaurant est impossible, c’est la loi !), et puis il y a ceux qui triment toute la journée pour quelques pesos qui ne valent rien et sans rien qui ne leur appartienne…
Nous rentrons dans notre bungalow, dépités de cet amer constat…  Mais heureusement la fin de journée sera égayée par un safari 4x4, nous plongeant dans une ambiance surréaliste à l’africaine ! Des antilopes en pagaille, des buffles indiens, des buffalos, des zèbres, des dromadaires, et même une girafe prénommée Ossie, pas du tout farouche et adorant le citron !
Nous n’avons pas regretté cette ballade, le 1er safari de Noé, et le Cayo Saetia a par endroit de vrais airs de savane.  Nous comprenons mieux pourquoi il n’y a au menu du restaurant que du buffalo ou de l’antilope : l’absence de prédateur les a rendus trop nombreux, et c’est le seul moyen de réguler leur population sur les 41 km2 de cette petite île que de les préparer en fricassée pour les clients de l’hôtel.

Dernière nuit à affronter les moustiques (dont la population n’est, elle, guère régulée !) et les contraintes du tourisme d’état à la cubaine : demain, on poursuit notre chemin, avec l’envie de se poser quelques jours près d’une plage tranquille avant notre retour sur Santiago de Cuba dans 4-5 jours.

La chevauchée fantastique

Perroquet sur perroquet



Quand on vous dit qu'il y a des nids d'autruche sur la route!


Non, nous ne sommes pas encore en Ouganda

Non, nous ne sommes pas encore à Delhi!

Non, nous ne sommes pas encore à Nairobi!

Non, les ânes n'ont pas mis leur pyjama!



Non, nous ne sommes pas retournés à Merzouga!



Jeudi 27 mars 2014 – Noé a 6 ans ! Feliz compleaños!

Nous quittons le Cayo Saetia de bonne heure, avec l’intention de nous diriger vers Guardalavaca, station balnéaire au nord-est de Holguin, réputée pour ses longues et belles plages de sable blanc.  Réputée peut-être, mais un vrai cauchemar pour les touristes que nous sommes !  Il n’y a ici en bord de plage que d’immenses complexes hôteliers hors de prix, formule tout compris, des plages bondées de touristes (américains pour la plupart) qui ne sortent jamais de leur hôtel, et interdiction de pénétrer l’enclave si on ne fait pas partie de cette masse !  Quelle désillusion !  Nous tentons notre chance un peu plus loin à la Playa Pesquero : idem !  On vous passe les détails sur les « ah ! je sais pas ! », « ah ! la personne qui s’occupe des réservations n’est pas là… (à 3 heures de l’après-midi !) revenez demain, qui sait !... » Bref, le traditionnel accueil et la légendaire diligence cubaine façon Etat pour promouvoir son tourisme ! 
Partis depuis 8h30 du matin sur les routes, assis à 3h de l’après-midi, déboutés et dégoutés sur un parking, acquiescement général à la solution de repli qui nous semble la meilleure : la Playa Herradura, le 1er coin à nous avoir accueilli dignement et qui nous ouvre une fois de plus leur maison à cœur ouvert, chez Gaby et Zory ! 

Surprise pour un Noé ravi en cette fin d’après-midi où nous posons bagage, petit bonhomme, qui aura passé la journée dans la voiture, à qui nous n’aurons pas offert un anniversaire de fête, bougies, gâteau et cadeaux, mais simplement un rouget grillé, une petite part de flan et beaucoup d’amour, ce qui lui feront sortir directement du coeur les mots suivants: « Pourquoi j’ai de la chance d’avoir tout ça ? oh merci papa, merci maman ! »… et un énorme bisou, qui nous rendent bien fier de notre petit, que dis-je, de notre grand garçon de 6 ans !

Feliz compleaños!

Vendredi 28 mars 2014 – Playa Herradura

Après la longue journée d’hier en voiture, nous sommes bien contents de poser nos fesses sur ce petit bout de plage tranquille, où nous nous sentons comme à la maison. Repos est le maître d’ordre pour aujourd’hui !

Samedi 29 mars 2014 – Playa Llanita et Playa La Boca

Le week-end à Herradura, la plage se remplit peu à peu au fur et à mesure que les heures s’écoulent de familles cubaines du village, de Holguin… Ambiance plage, un prof de sport occupe les enfants en leur faisant un peu de kung-fu et pirouettes sur la plage, discussions sous les parasols, sodas et rhum jamais bien loin…
Maintenant que nous avons loué une voiture, nous décidons de partir explorer un peu plus à l’ouest les alentours.  Sur plus d’une dizaine de kilomètres s’étendent des plages idylliques de fin sable blanc avec des petits pueblos, des campismos, et des casas particulars un peu partout : étonnant que ces endroits, un milliard de fois plus attrayants, calmes et authentiques, ne soient mentionnés dans aucun guide ! Même pas une page entière alors que face à Varadero et Guarlavaca, il n’y a pas à hésiter ! Par ailleurs la zone étant souvent ventée, avec quelques endroits protégés, cela en ferait un ou deux spots de kite surf fabuleux ! Mais rien n’existe et il faudrait arriver avec son matos : néanmoins avis aux amateurs !

Playa La Boca

Playa La Llanita

Bon spot de kite quand même!
Dimanche 30 mars 2014 – De retour à Santiago de Cuba

Nous quittons, cette fois pour de bon, Herradura pour un retour sur Santiago de Cuba, où un vol pour la Havane nous attend demain.  Habitués des lieux, nous faisons bien mieux que le taxi qui nous avait il y a quelques jours emmenés dans cette ville, à la circulation quasi-inexistante en ce dimanche, pour retrouver notre chemin dans le centre historique.  Une fois de plus, il n’y avait plus de place dans la casa particular que nous avions appelée auparavant ; une fois de plus, nous nous installons non très loin dans une jolie demeure, qui a dû être un hôtel particulier fort prisé il y a de nombreuses années.  Les propriétaires sont charmants et nous semblent des gens cultivés et raffinés :  Mirna Zaldivar Marquez était professeur de russe, et la première personne que nous rencontrions à s’exclamer avec ferveur devant le nom de Tahiti, « Madre de Dios, la patria d’un grande artiste, Paul Gauguin ! ».  Mirna nous emmène dans nos appartements, et c’est bien le terme approprié : une grande chambre au mobilier soigné, un salon attenant, une terrasse où il fait bon se prélasser dans les chaises à bascule, des fenêtres aux persiennes ajourées laissant passer un vent rafraîchissant et bienvenu par cette chaleur.  Nous partageons avec Mirna, son mari, sa sœur et sa mère, un excellent et convivial café.  La fille de nos hôtes habite à Miami, et son neveu, actuellement en vacances à Cuba que nous croisons rapidement, est notaire à Boston.  Je crois que leur fille leur manque beaucoup et semble être la prunelle de leurs yeux ; et aussi que Mirna sera un jour une merveilleuse grand-mère, vu les gâteries dont est déjà couvert le petit Noé ! 

La chaleur un peu retombée, nous allons nous promener et nous arrêtons boire un verre près de la plaza Dolorès.  Un cow-boy aristocrate cubain à l’énorme chevalière en forme de papillon nous charme de ces tours de magie, tandis que, peu à peu, se rapproche le son de la guitare et des maracas, et sur l’air familier de « Guantanamera », un musicien offre aux dames des roses de papier…  Cela aurait pu faire un peu folklore pour touristes, mais sous le regard des quelques cubains adossés à leurs terrasses, des passants nonchalants et des premières gouttes de pluie concluant la fin d’après-midi, c’était juste gouter avec plaisir l’ambiance d’un ordinaire dimanche cubain…  Le mojito nous a fait un peu tourner la tête et nous nous jetterons sur un festin de langoustes pour conclure !

Lundi 31 mars 2014 – Départ pour La Havane

Autant nous avons gouté hier le calme du dimanche en ville à Santiago de Cuba, autant dès les premières lueurs du jour, nous savons qu’une nouvelle semaine commence.  Des écoliers nous réveillent de leurs cris, et en les apercevant en haut du toit dans leurs uniformes aux chemises blanches, Noé pense qu’ils ont « judo » aujourd’hui !  Après un copieux petit-déjeuner, nous nous promenons une dernière fois dans les rues animées du lundi matin, flirtant entre les files d’attente devant les administrations (note du relecteur officiel: elle a dû vouloir dire « slalomant » pour « flirtant », car je le jure, je suis resté correct tout le temps ! à moins que les cubains aient profité de mon inattention !...), tentant de pénétrer dans les magasins où les gens rentrent au compte-goutte et se bousculent au comptoir alors que les échoppes sont vides, croisant des camions-bus transportant des individus tellement entassés à l’arrière qu’on se demande comment ils ont pu tous y pénétrer (re-note du relecteur officiel : « certainement en criant qu’il restait encore du rhum au fond du camion » !)…

Nous plions bagage chez Mirna, dont le mari insiste pour nous conduire à l’aéroport.  Quelle gentillesse que ces gens chez qui nous avons atterri par hasard !
Nous n’arriverons pas à La Havane ce soir : vol arrivé en retard, problème électrique,…bref, vers 21h, la décision est prise de tout reporter au lendemain et un bus conduit les voyageurs dans un hôtel pour la nuit.  Malgré tout, merci Aerocarribean pour s’être pas si mal débrouillé pour l’organisation du reste de la soirée !  Demain, il fera jour… mais, gardons un œil ouvert, car n’oublions pas que ce sera le 1er avril, et nous ne savons pas si la tradition des poissons court à Cuba !


Chez Mirna, petite halte

La escuela

Avion raté, nuit d'hôtel gratos!
Mardi 1er avril 2014 – La Havana vieja

Pas de mauvaise blague ce matin : notre vol décolle dans la matinée et se pose sans souci vers midi à San Cristobal de La Habana.  Les premiers rabatteurs sont à l’affût dans l’enceinte même de l’aéroport, à peine le pied posé sur la piste d’atterrissage : c’est un peu agaçant…
Nous avions réservé chez Julio le pédiatre, qui tient donc aussi un hôtel particulier près du vieux centre de La Havane, mais finalement nous finirons à 2 pas de là chez le « chino » (le chinois). 
Premières impressions de La Havane : de grands immeubles qui, s’ils ont dû un jour faire pâlir le Baron Haussman, offrent désormais  un aspect bien fané, mais néanmoins on ne peut s’empêcher de sentir monter des rues l’ambiance et le charme qui font que Cuba reste Cuba, une île des Caraïbes au parcours tumultueux…  Le vieux La Havane est bien conservé, probablement que l’afflux touristique y est pour quelque chose : quasiment que des rues piétonnes, de vieilles devantures à l’allure du début du 20ème siècle, et des cafés, et de la musique… Nous passons devant la célèbre Bodeguita del Medio, fréquentée par l’un des personnages les plus célèbres de Cuba, Ernest Hemingway, et dont la porte d’entrée est gardée par un de ses imitateurs avec une vieille machine à écrire : c’est bondé de touristes à toute heure du jour et de la nuit !


Ce soir, c’est l’arrivée de Michel, l’un des « frères de papa » comme dit Noé, qui nous rejoint pour un bout de voyage.  On fête ça au mojito…, un peu trop d’ailleurs !


Le Malecòn de La Havane

Le nouveau La Havane

El Muséo de la Révoluciòn!

El Prado

Geôle cubaine

Bar mythique du mojito

Bomba latina version 1959

Plaza San Ignacio

Une église à Cuba: c'était avant 1959!
Mercredi 2 avril 2014 – La Havane

Nous empruntons ce matin le Havana bus tour pour avoir un aperçu de la ville dans son ensemble.  Le départ a plutôt bien commencé : du haut du toit, nous nous émerveillons des vieux immeubles de la Havane et de leur splendeur passée, direction le Malecòn (le front de mer).  Mais ensuite, une fois pénétré dans la ville nouvelle, le bus nous fait la tournée des hôtels d’état, et des horribles édifices et places à la gloire de la révolution : absolument sans aucun intérêt !  Encore une fois à Cuba, quand il s’agit de circuit organisé (par l’Etat), on nous montre ce qu’on veut bien nous laisser voir : tout ce qui a de l’intérêt et fut joli dans cette ville remonte à l’époque pré-révolutionnaire…

Nous descendons de notre bus aux portes de la vieille ville, où nous ne lassons pas de déambuler : là, il y a vraiment du charme à revendre (et des charmes aussi d’ailleurs !) !  Avant de rentrer nous reposer un peu, nous allons tout de même visiter le Musée de la Révolution Nationale : encore un haut lieu à la gloire des acteurs de l’Indépendance cubaine et de la Révolution, qui personnellement me donne un peu la nausée (à moins que ce soit encore l’effet des mojitos de la veille… !).

Nouvelle arrivée ce soir des autres « frères de papa » : la famille s’agrandit !  Et pour ceux qui se poseraient encore la question bien naïve : bien sûr qu’on a encore fêté ça au nom du mojito de bienvenu, et en plus à la Bodeguita del medio dont on a fait la fermeture!

Ceci étant, je vous rassure : le vieux La Havane n’est pas ce que l’on croit, le soir, c’est étonnamment très calme.

Sur le chemin de Havana vieja

Bombas latinas au hasard... heuuu! presque!

Direction le Malecòn

Hotel Nacional


Hotel Habana Libre

Plaza de la Revoluciòn


Camillo Cienfuegos

El Comandante

Le vieux cheval et la mer

Panamas?

Au gré des ruelles de Havana vieja

Les bouquinistes de la Plaza de Armas


Encore une histoire de 3 cloches en voyage!!!

Le Floridita où a été inventé le Daiquiri (et on n'y sert pas de mojito!)


Cuba d'hier et d'aujourd'hui

Por favor, churros!

Sancho Pansa?

Jeudi 3 avril 2014 – Sur la route, de La Havane à Viñales

La nuit fut un peu courte, d’autant plus pour nos visiteurs de métropole qui ont 6 heures de décalage horaire.  Mais nous avons prévu de partir pas trop tard pour éviter la grande chaleur sur la route qui nous conduira au début de notre périple dans le triangle du tabac.  Pour l’occasion, nous avons réussi à  louer les services d’un minibus avec chauffeur, à disposition pour les 6 prochains jours : c’est bien plus convivial ! 
Le rythme est tranquille et nous faisons un premier stop à Las Terrazas, centre éco-touristique non loin de la Havane, qui ressemble tout de même à un grand camping.  C’était il y a longtemps une grande propriété dont nous voyons les vestiges des maisons d’esclaves de cette plantation de café.  Nous poursuivons notre route jusqu’à El Salto, une des plus grandes cascades de Cuba, dont le flot n’est malheureusement pas aussi impressionnant en cette saison plutôt sèche, mais très jolie tout de même avec une sorte de chapeau en forme de champignon.  Qui dit « cascade », dit « eau », dit « Noé plongeon », bien évidemment ! Et on le comprend aisément par cette chaleur, voire même on est un peu jaloux de ne pas avoir enfilé les maillots de bain ce matin !  Un copieux déjeuner nous plombe l’estomac, et nous somnolons au rythme de la musique cubaine, « Chan Chan », « Besame mucho », « Hasta siempre Che Guevarra »,… des grands classiques, mais on ne s’en lasse pas.  Le paysage fait place peu à peu aux villages de la campagne cubaine, la terre devient rouge et les premiers champs de tabac apparaissent.  Juste avant notre arrivée sur Viñales, nous visitons une plantation de tabac, où Marcelo nous montre une grange pleine de feuilles en train de sécher.  Certains gouteront le produit final, le cigare, et d’autres, le café, fait sur place par cette famille à la longue tradition dans le domaine.  Enfin, nous atteignons Viñales et apercevons les « mogotes », des sortes de monts de roches calcaires à la forme arrondie très particulière, qui nous donnent l’impression de pénétrer dans un monde féérique.  Par chance, nous pouvons loger tout le petit groupe pour la nuit dans une casa particular, qui semble récente, et tout à fait charmante.
La troupe part ce soir écouter un peu de musique cubaine avec danseurs de salsa, mais j’ai cru comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un spectacle grandiose…

Je mouds le grain à l'ancienne

Cascade de Soroa

Luna Park

Doucement, je me réveille...

Séchoir à tabac

Feuilles de puros

Pour l'instant, notre voiture

Qui c'est qui roule?

Y a des amateurs, même Noé!


Vendredi 4 avril 2014 – La Vallée de Viñales

La vallée de Viñales s’étend sur un court périmètre, mais quels points de vue magnifiques, avec ses mogotes nous donnant l’impression de plonger dans le monde d’Alice aux pays des Merveilles.  Au milieu de ces champignons tout droits issus de l’érosion, on se demande presque quand va apparaître le lapin blanc au monocle toujours si pressé !

Le mur de la préhistoire n’a pas gardé grand-chose de préhistorique !  Il s’agit d’un pan de montagne peint dans les années ’60 par 18 peintres, qui, sous la supervision d’un artiste ayant fait école au Mexique, y ont travaillé pendant 4 ans, tous les jours durant.  Même s’il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre, on ne peut que féliciter le travail qui a été fourni.  Un petit chemin permet d’accéder en haut de la façade et d’avoir un point de vue magnifique.  Noé profite des leçons d’escalade de papa, et y arrivera sans grande difficulté : la montée était quand même assez abrupte par endroits, ce qui a rendu le bonhomme fier de sa prouesse, et mérité une bonne glace un peu plus tard dans la journée !

Nous remontons dans notre mini-bus, qui nous conduit à la Grotte de San Tomas, un vaste dédale de 46 km de chemins creusés naturellement dans les roches calcaires des mogotes.  Il y a 7 niveaux mais seules les 6ème et 7ème se visitent : pour les autres, il faut du matériel d’escalade et de spéléologie, un travail de spécialistes.  Coiffés de nos casques de chantier et lampes torches, nous nous promenons avec Jorge, notre guide, qui est bien sympathique et a beaucoup d’humour.  Nous découvrons même des plantes au fond de la grotte, qui malgré l’obscurité donnent quelques feuilles qui s’éteignent au bout de 3 mois environ. 

Nous laissons  la moitié du groupe se reposer, pendant que l’autre moitié prend un petit bateau au fond d’une autre grotte, la Cueva del Indio, qui est aussi fort jolie.  Malheureusement les photos ne sont pas impressionnantes en raison de l’obscurité… Pas grave, nous rejoignons les copains pour une petite salade de fruits, et la glace promise pour l’exploit de l’escalade, qui fera bien des envieux !

Même s’il y a un air de vacances avec l’arrivée des tontons et des tatas cette semaine, les parents rabat-joie n’ont pas cédé à la tentation : donc, retour en fin de journée à la casa, et un peu d’école.  Apparemment, nous n’avons rien raté en n’allant pas à Piñar del Rio, la grande ville de la province : aucun charme, noire et sale.  Nous sommes bien mieux dans le calme et coloré Viñales.  Noé a passé la soirée à jouer entouré de mini-bombas latinas : au fur et à mesure de la soirée, il y avait de plus en plus de filles agglutinées autour de lui ! Pauvre maman !

Les mogotes

Le mur de la préhistoire: haut site d'escalade!


Vue d'en haut du mur, après l'escalade

Plus dur la désescalade pour Monsieur court sur pattes!... pas le chauve, l'autre!

Voyage au centre de la terre

Enfin jour!

Où se croisent mites et tites!

Oh une plante dans le noir! ça colle pas avec mon cours de science nat sur la chlorophylle!

Une autre cueva, celle de l'Indio


Triste mine

Un cheval chacun

Samedi 5 avril 2014 – Arrivée à Trinidad

Nous avons passé la route toute la sainte journée pour nous rendre de Viñales à la très sainte Trinidad, dans la province du Saint Esprit (Sancti Spiritus) : bref, une journée bénie !

Trinidad est une très jolie ville, des façades de maisons colorées, des rues pavées, des charrettes à cheval de vendeurs de fruits et légumes, une église majestueuse, des places disséminées à quasi chaque coin de rue, des cafés, de la musique,… Trinidad a gardé beaucoup de charme d’une époque d’avant la révolution, et même peut être bien avant.  Nous flânons dans ce dédale de ruelles au coucher du soleil, qui nous offre des couleurs rendant à cette ville toute sa dignité.

Scène de la vie à Trinidad



On ne la connait que sous le nom de "place des mojitos"!

Mais trop de mojitos nuit! on ne voyait plus les musiciens!





Dimanche 6 avril 2014 – Playa Ancòn


Nous aurons du mal à tous nous rejoindre au même endroit ce matin : Milou cherche des cigares, Jean-Pierre tente une organisation de la suite de notre séjour (et se heurte au mammouth de l’administration une fois de plus), Michel et Sophie se réconfortent dans un café après avoir abandonné Jean-Luc et Chantal partis pour l’ascension du mirador de Trinidad en pleine chaleur…  Finalement, vers midi, tout le monde se retrouvera en pleine forme et nous partons direction playa Ancòn, à une quinzaine de kilomètres de Trinidad.  Cette plage n’a aucun charme, quoi qu’en disent les guides touristiques (parfois, on se demande si ces routards ou autres barbouzes sont allés dans les mêmes endroits que nous à Cuba…) :  l’énorme complexe hôtelier du Club Amigo, bel exemple d’architecture soviétique des années 70, prend toute la place tandis que des parasols au toit de palmes de cocotier et bains de soleil ornent la plage.  Même la mer n’offre pas un dégradé de couleurs ni une limpidité exceptionnels.  On y passera tout de même un bon moment : l’important c’est que notre petit poisson soit ravi de plonger dans son élément naturel.  Néanmoins, on ne peut s’empêcher de se demander comment font ces touristes, jeunes ou plus âgés, seuls ou en famille, pour rester ici plus de même 24 heures : des plages bien mieux existent pour aussi cher ou même à moindre prix partout ailleurs dans le monde, et le service dans ces hôtels d’état est en-dessous de zéro (on n’a même pas pu boire un café : il n’y en a pas !... à Cuba !).

Bus ou charrette au terminal!

Prémonitoire?...

Lundi 7 avril 2014 – La « fameuse » baie des Cochons !

Nous ne savions pas trop où aller pour notre dernier jour de voyage avant le retour sur la Havane, mais comme a dit si bien Chantal après la playa Ancòn : « Au moins, on a écarté une possibilité ! ».

Donc, c’est décidé : on reprend la direction de la capitale et on fait un stop à Playa Larga, l’une des 2 grandes plages de la baie des Cochons.  L’autre plage à l’entrée de la baie s’appelle Playa Giròn, du nom d’un célèbre pirate français Gilbert Giron, qui s’éteindra de sa belle mort : décapité !  Mais ces 2 plages sont surtout célèbres pour le fiasco du débarquement américain en 1961 ayant pour but de renverser le régime castriste, et dont le résultat ne fit que le renforcer : encore une belle intervention, où les Etats-Unis auraient mieux fait de s’abstenir…  Notre mini-bus rend l’âme juste à notre arrivée devant l’allée centrale et principale du petit village de Playa Larga : on ne pouvait pas mieux tomber !  Nous attendons quelques minutes que notre chauffeur Dariel fasse le diagnostic de mort mécanique du moteur, et appelle un collègue à la Havane, qui va arriver dans l’après-midi avec une nouvelle navette.  Après avoir hésité à monter à dos de charrette avec nos bagages, nous trouvons finalement refuge dans une casa particular à 50 mètres du cadavre de notre bus bleu (on s’y était un peu attaché quand même…). 

Encore une fois, grand désaccord avec les guides touristiques : la playa Larga n’est pas une jolie plage.  On se demande même, après avoir bien sûr évoqué toutes les hypothèses, si finalement la baie des Cochons ne tire pas son nom de la couleur de l’eau !  On trouvera finalement un coin un peu moins « cochon » pour passer la fin de notre journée. 
On est franchement bien tombé dans notre petite casa particular : le mojito et la piña colada sont parmi les meilleurs du pays (et vous pouvez nous faire confiance, on en a testé un large panel !), et la cuisson de la langouste et du poulpe était juste comme il faut !

Terminal! tout le monde descend!

Mort du bus bleu: c'est grave, docteur?...

Que des cadavres...

Enfin presque!

La baie des "cochons"

Mardi 8 avril 2014 – Retour à la Havane

Notre nouvelle « Ferrari » nous conduit à bon port.  Halte au Habana Libre, histoire de décider de la suite de nos aventures : finalement, nous optons pour une fin de séjour à Cuba à Cayo Guillermo, et derniers jours à la plage avant d’attaquer le grand froid canadien.
Dernier tour à Habana Vieja avec Michel, qui nous quitte ce soir, mais ce n’est qu’un au revoir !


No comment

C'est donc le bar des mojitos!

Le rose avec alcool, le vert sans alcool!

Ma qué! c'est oune Ferrari!
Mercredi 9 avril 2014 – La Havane

Visite ce matin d’une fabrique de cigares à La Havane, où 200 travailleurs s’activent 8 heures par jour, 5 jours par semaine, pour fabriquer environ 20 000 cigares quotidiennement ! Un travailleur recruté a un cursus de 9 mois pour apprendre à rouler les cigares de toutes tailles et de toutes sortes. Si j’ai bien retenu, environ 20 marques de cigares existent et sont fabriquées dans ce même établissement.  4 types de feuilles de tabac constituent le cœur du cigare et une grande feuille formera la cape, collée avec de la colle végétale.   Ce qui diffère entre le Cohiba, le Romeo et Juliette, le Partagas, Montesinos ou autre, est la composition interne du cigare.  Seul le Cohiba Behike a un 5ème type de feuille de tabac utilisée pour le rouler, ce qui en fait le plus apprécié des connaisseurs et le plus onéreux aussi.  La qualité des cigares est contrôlée, un par un, avec même des testeurs qui en vérifient les arômes. Ensuite, la bague attestant de la marque du cigare consommé est apposée avec un mélange de farine de blé et d’eau.  Chaque ouvrier a donc un rôle bien précis.  Les « rouleurs » prennent leur fiche chaque matin, où est inscrit le nombre de cigares à rouler, la marque et la composition : ça ressemble un peu à une fiche du loto ou de QCM ! Ils sont payés 600 pesos de la moneda nacional par mois, soit environ 15 à 20 dollars, ce qui est estimé plutôt comme un bon salaire à Cuba.  Ce qui arrondit surtout les fins de mois, sont les primes attribuées si le quota quotidien demandé de nombres de cigares à rouler est dépassé : chaque ouvrier a alors droit à 5 cigares pour sa consommation personnelle (ou à revendre sur le marché noir, mais chuuuttt !). Même les guides proposent des coffrets à venir chercher à leur domicile à moitié prix : chacun se débrouille comme il peut pour s’améliorer le quotidien…
Devinez qui sont les plus grands importateurs de cigares cubains ?.... Les Français et les Espagnols !
La visite est interdite aux moins de 18 ans.  C’est dommage sur le plan de la connaissance : il n’y a pas vraiment de quoi inciter les jeunes et les moins jeunes à fumer lors de la visite de cette fabrique… Noé en a profité pour se promener avec son papa avec des missions qui ont toutes échouées, comme notamment trouver de nouvelles lunettes de soleil : 3 paires en 3 mois pour Noé, qui dit mieux ?... !

L’Hôtel National de La Havane est un édifice imposant, à l’intérieur feutré et boisé voulant reproduire une ambiance des riches années 50.  Mais le plus insolite est la découverte des tranchées souterraines au bord de la mer, lieu de refuge et de guet privilégié lors de l’épisode de la baie des Cochons. Nous servons ensuite un peu de guides dans le vieux La Havane, que nous commençons à bien connaître maintenant.  On se risque à la visite du musée des beaux-arts, mais franchement pas de pièces d’art bien impressionnantes.  Seul le bâtiment vaut le coup d’œil.  Faire un 2ème musée dans la journée, c’est trop pour nous : nous emmenons donc Noé jouer un peu dans un petit parc pour enfants.  Rebaptisé « aspirateur à gonzesses », il ne faudra pas très longtemps à ce dernier pour se faire attraper par 2 cougars (elles avaient au moins 9 ou 10 ans ces petites bombas latinas !), qui succomberont au petit blond sous un « Oh ! un frances ! Noé !, qué lindo ! » (traduction : oh ! un français ! Noé ! trop mignon !) !!! Bref, il est temps qu’on parte, si ce n’est encore de ce pays, au moins du parc pour rejoindre les tontons et tatas, qui auront trouvé plus d’intérêt au musée d’art cubain.

Fin de soirée difficile pour maman : l’overdose de churros est notre 1ère hypothèse diagnostique !

Quel trou ça fait dans le ventre d'un impérialiste, papa?

Putain, les mecs ????

La française latinas

Nous on vote Mélanchon !chon! chon! euhhhh : che ! che! ou cha! cha!, bref on est à Cuba

Je me fais mon churros, genre ni vu ni connu !
Jeudi 10 avril 2014 – Premiers pas à Cayo Guillermo

Ca va un peu mieux après une bonne nuit de sommeil.  Nous quittons les copains, qui rentrent ce soir en France : à dans un mois à Toulouse maintenant !

Cayo Guillermo est associé pour toujours désormais à Ernest Hemingway, qui en avait fait l’un de ses lieux de villégiature surtout pour la pêche au gros dont il était un fervent adepte. 
Nous atterrissons à Cayo Coco, et un bus nous conduira ensuite à notre hôtel, le Sol Cayo Guillermo, où nous séjournerons les 4 prochains jours.  Il n’y a pas de casa particular sur les cayos, pas de villages non plus.  Ce sont des bandes de plages de sable blanc magnifiques, isolées, au milieu de marais où l’on aperçoit des hérons et des flamants roses, principaux habitants de ces lieux (en-dehors des touristes évidemment !).  Les canadiens sont spécialement friands de cette destination et il existe même des vols directs de Montréal, Québec ou Toronto à Cayo Coco.  Le vent est de la partie, ce qui n’est pas pour nous déplaire, puisque nous avons la ferme attention de profiter de ces quelques jours pour faire un peu de kite surf.  Pour l’instant, nous prenons connaissance en cette fin de journée tranquillement des lieux et des environs.

Au dessus des nuages vers Cayo Coco


Vendredi 11 avril 2014

Apparemment, il y a toujours beaucoup plus de vent durant la semaine sainte, et les nuages cachent le soleil : début de journée timide donc en direction du spot de kite.  Les clubs de kite sont légaux depuis un an seulement à Cuba.  Celui où nous allons est dirigé par un cubain et un russe, et il y a 5 instructeurs dont un couple de français, de la région montpelliéraine, bien sympathique.  Impossible dans un club hôtel de nouer des amitiés avec la population locale : c’est le renvoi immédiat pour les employés si on les soupçonne de s’entendre un peu trop bien avec les étrangers… Nous prenons un cours d’une heure ce matin, histoire de se remettre en jambes ; Noé creuse des trous sur la plage, tentant encore une fois d’atteindre désespérément le noyau de la terre…  Pauvre Noé qui a voulu toute la journée aller au mini-club pour enfants, mais malheureusement celui-ci était à l’image de Cuba : la forme mais pas le fond !  Ce n’est pas grave, il en a quand même bien profité dans la piscine, et on a même gagné à la pétanque contre le papa qui avait une boule de moins, quand même!

Samedi 12 avril 2014

Matinée kite ce matin pour papa et maman, et mini-club pour Noé, qui ne voudra plus repartir à midi tellement il s’est bien amusé !  Repos, piscine et nouveaux amis canadiens pour le petit bonhomme, qui aura « vaincu 2 fois sa timidité aujourd’hui », comme il dit !  Là où on commence à être un peu moins confiants, c’est quand on apprend qu’il fait à peine au-dessus de 0°C à Montréal…

Enfin les Kites




Dimanche 13 avril 2014 – Playa Pilar

Vent tombé ce matin, report de la session kite et déception à gérer pour Noé qui, du coup, ne va pas aller au mini-club !... trop dure la vie !  Finalement, crise diplomatiquement pas mal gérée avec un compromis satisfaisant : celui d’aller découvrir et passer la matinée à la Playa Pilar.  Pour une fois, les guides touristiques ont raison : c’est une très belle plage, avec « un sable blanc éclatant et d’une finesse de poudre de diamant » (et je m’y connais en poudre de diamant, vous pouvez me croire !).  Quelques dunes sont présentes, mais recouvertes de végétations, donc pas de toboggan autorisé ! Le soleil est de la partie après 2-3 jours de couverture nuageuse, et l’eau retrouve quelques degrés.  Nous sommes en basse saison, donc il n’y a pas trop de monde.  Après une partie de rugby à la noix de coco, on fabrique une copine de sable pour « Rasta Noé » : c’est vrai, il y en a marre de faire toujours des châteaux de sable à la plage !
Le vent se lève peu à peu, la voile de 12 mètres est montée, et c’est parti pour les water-start ! On commence à progresser pas mal : le virus du kite nous a bien atteint, et on devrait être en binôme autonome dans peu de temps.  Noé est exemplaire, à jouer plus de 2 heures seul sur la plage, à se construire une cabane, creuser une lagune, et à nous faire des signes pour nous donner des conseils ! Ce soir, KO pour tout le monde et encore une paire de lunettes en moins : cette fois, Noé n’y est pour rien, c’est maman qui a perdu celles de papa ! Honte à moi !

El diablo!

Playa Pilar

RastaNoé et Rastamokette

Oh papa! tu voles!

Oups! moi aussi!

Nous aussi!

Lundi 14 avril 2014

Allez dernière session de kite à Cuba : un Jean-Pierre autonome qu’on ne peut plus arrêter, et un Noé, cheveux au vent, mordu lui aussi par la sensation de glisse ! Ca promet tout ça !
On profite des derniers instants au soleil : demain, retour pour La Havane, puis Montréal nous voilà !

Jean-Pierre, belle progression!

Bon alors, c'est quand mon tour?...

Je suis prêt pour les sauts!


Mardi 15 avril 2014 – La Havane, dernière soirée au Habana Libre


Et voilà, retour sans souci à La Havane, et comme on doit prendre l’avion demain tôt et partir à 5h du matin, on décide de s’offrir le Habana Libre.  Quel désespoir ! Même pas d’eau chaude à 200 CUC la nuit : no comment !  enfin, si !


Il se prépare pour Koh Lanta

Dernière vue sur La Havane

Dans un restaurant élégant, comme dirait Noé

Réflexions personnelles sur Cuba, n’engageant que notre responsabilité (pour toute réclamation, ne pas d’adresser à nous !) :

Le premier des premiers points positifs concerne les cubains, et ce qui illustre le mieux notre pensée est cette phrase reçue dans un bar de La Havane, un soir de beuverie, mais comme qui dirait « in mojito veritas » !  Un jeune cubain s’est adressé à nous, souriant, sympa, et nous a dit en français : « A La Havana, il y a dos milliones de personas : la moitié c’est la police, l’autre moitié, c’est les cubains (dit-il en se désignant) ».  Je lui ai donc posé la question : Et toi ? à quel million appartiens tu ? ».  Avec un grand sourire, il a haussé les épaules d’un air interrogateur, et est parti…
La vie cubaine est également pleine de charme : mélange des caraïbes, latinos, sur tous les plans, ethnique, musique, artistique, avec pour point d’orgue Santiago de Cuba.  Le communisme et son côté désuet ont bloqué Cuba dans le temps, à l’ombre du charme discret de la bourgeoisie.

La pensée cubaine est en pleine évolution.  Depuis la faible ouverture politique, les gens commencent à parler librement de leurs difficultés quotidiennes, mais cela reste dangereux pour eux.  On assiste parfois à des rixes de rue, où les mots « impérialiste et capitaliste » clamés par certains cubains à l’encontre de leurs compatriotes, rappellent qu’il y a « oune milliones de cubains » qui restent des policiers.

Les casas particulars sont un mode d’hébergement idéal, et il faut vraiment se fier à son instinct et ne pas hésiter à visiter avant d’acquiescer, c’est bien perçu, très facile, même avec 3 gros sacs à dos.  On y fait des rencontres merveilleuses ; on y attache même des amitiés, mais il faut se méfier des recommandations des guides qui ne correspondent pas à l’exacte réalité.  Il faut donc s’en servir avec modération.  On a flashé sur Mirna à Santiago de Cuba, qui fut un grand coup de cœur, et Zory et Gaby à Herradura, 2ème coup de cœur sur toute la ligne.

Et puis, il y a le vent ! le vent qu’il faut chercher, mais qu’on finit pas trouver uniquement sur le Cayo Coco et le Cayo Guillermo : kiteurs de tout bord, il y a une école de kite à Cayo Guillermo à l’hôtel Cojimar, où on peut emmener son matos ou louer facile.

Et puis, à côté de tout cela, tous ces points qui rendent le séjour agréable, il y a l’ombre omniprésente et totipuissante de l’administration cubaine : celle qu’on aime, dans toute sa splendeur, un relent des années 60 en France, en plus austère.  Et de là, découlent tous les écueils au développement de Cuba.

La difficulté de communication  est presque hallucinante au 21ème siècle, où même en Afrique,ou le niveau touristique est inferieur, on fait mieux,avec moins …peut etre un peu de partie pris ? ! Pratiquement pas d’internet, et celui-ci est rigoureusement surveillé, puisque pour acheter une carte pour se connecter il faut fournir son passeport dont le numéro est enregistré avec celui de la carte d’accès internet achetée ; des queues interminables devant Etecsa, seule compagnie d’état des télécommunications, pour téléphoner ou accéder à internet.  On s’y fait, certes, mais c’est quand même bien ce putain de net !
Aussi, impossible de prévoir quoi que ce soit à moyen, voire très moyen, terme : tout se fait au jour le jour puisque pas de communication ou peu…ca a du charme…parfois moins !

Les compagnies de tourisme type Cubatur, Havanatur, etc… sont toutes les mêmes (puisqu’elles appartiennent toutes à l’Etat), mais sont incapables d’organiser un voyage quelconque sans une difficulté : l’exemple le plus typique étant à La Havane, de prendre un vol aller-retour La Havane - Cayo Coco, plus hôtel = 4 heures de discussion, de coups de téléphones (puisque pas d’internet ! ni même d’ordinateur), mais cela a été moins déplaisant que prévu, vu la pêche que mettait notre interlocutrice pour réussir (ce qui n’est pas forcément le cas de biens des fonctionnaires !).  Néanmoins, ce fut un voyage pas mal agencé…

Les conséquences de l’embargo (en sachant que l’embargo sur l’alimentation et les médicaments est levée) se résument en : rien ! rien dans les magasins ! un morceau de savon, c’est tout ! Exemple 100% féminin : impossible de trouver des serviettes hygiéniques ! Comment font les cubaines ? à l’ancienne ?...mais beaucoup au systeme « C »,equivalent de notre « D » ,salsa cubana


Alors, voilà, Cuba ne laisse pas indifférent.  Sentiment de contrastes et de contradictions, le plus souvent extrêmes.  Et l’impasse de Cuba se trouve dans cette vérité née au fond d’un bar : tant que la moitié des cubains seront fonctionnaires et feront allégeance à l’Etat, tant que ce même Etat continuera à instruire 99% de sa population tout en la maintenant dans l’ignorance, l’inertie restera, l’absence de mouvement de résistance persistera, la peur de l’étranger perdurera. 

Alors comment aider les cubains ?  La réponse se situe certainement au niveau individuel, parce que, quel état a intérêt à aider Cuba de nos jours ?  Cuba ne représente plus une menace vis-à-vis des Etats-Unis depuis l’éclatement de l’URSS, et ne possède aucune richesse assez convoitable pour qu’une grande puissance y tente une quelconque incursion.  Seul le Vénézuela a des accords privilégiés avec l’état cubain, mais pour encore combien temps, étant lui-même en équilibre politique précaire depuis la mort d’Hugo Chavez ?...
Le changement de comportement des touristes serait un début, mais bien sûr illusoire.  Il faudrait autant que possible boycotter tous les organismes d’état  (hôtellerie, compagnies de voyages), et ne pas succomber à la tentation d’alimenter la corruption des fonctionnaires pour un billet d’avion, une place d’hôtel, ou tout autre raison.  Les guides touristiques pourraient être un peu plus aidants en ce sens, notamment en arrêtant de vanter les plages de Varadero ou Guardalavaca, où tout quasiment est régi par l’état, alors qu’il existe des endroits charmants, presque encore inexplorés comme les plages du côté de Herradura, qui sont à peine mentionnées.  Même si les casas particulars sont le logement à privilégier, il faut se méfier de celles vantées dans les guides et situées dans les grandes villes, où l’afflux touristique en a fait un véritable business en perdant le plaisir de partager un peu de la vie quotidienne cubaine, et de pouvoir échanger avec les propriétaires.
Et puis quel avenir politique proche ?  Il y a eu un semblant d’ouverture politique depuis 3-4 ans, mais la ligne dure et la propagande dès le plus jeune âge sont bien toujours aussi présentes.  Les deux frères ne sont plus très jeunes, mais le sujet de la relève n’est guère évoqué.  L’accès à internet va t’il modifier un peu la donne, même si aujourd’hui seule une toute petite partie de la population peut se l’offrir ?...

Alors, on reste sur ce sentiment de contradictions, d’impuissance, et de questions sans réponse pour ce pays qui pourrait être tellement plus merveilleux, mais avec une seule conviction : si la culture nous enseigne que les hommes naissent libres et égaux en droits, la nature en décide bien souvent autrement.  Pauvre Cuba, victime du communisme, dont seuls les mauvais cotés ont persisté (les bons n‘ayant laissé que quelques pistes, en particulier dans le système de soins, mais cela représente bien peu de choses) ; pauvre Cuba victime, sans doute aussi, de l’ambition des hommes ; pauvre Cuba, qu’a t’on fait de toi ?, pauvre Cuba, qu’adviendra t’il de toi, si le virage à prendre ne se fait pas ressentir vite ?...


3 commentaires:

  1. Chers amis, on vous souhaite bon voyage au Cuba. On se revoir bientot a Niagara Falls:))

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  2. Gros Bisous! Monica and Adrian

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